Bonjour,
Depuis la rentrée 2015, de nombreuses esquissent sortent enfin du projet Euratlantique et les chantiers ont fort avancé sur Bordeaux Nord également, nous y reviendrons prochainement. Étant à l’étranger, profitons de photos prises à Noël sur l’un des chantiers majeurs du centre-ville, la rénovation de la place Saint Michel qui touche à sa fin.
Ce secteur était hors de la première enceinte de Bordeaux, l’urbanisation le rattrape peu à peu et la basilique édifiée entre le XIV et le XVIe siècle, est l’un des monuments emblématiques de la ville. Son clocher gigantesque est la plus haute tour de Bordeaux (environ 110 mètres), visible de loin. Endommagé par un tremblement de terre, il est en partie reconstruit au XIXe siècle. La place Saint Michel se compose en fait de 3 placettes: Meynard, Maucaillou et Duburg en réalité. En regardant du ciel, nous voyons le tracé médiéval des rues (le quartier est ensuite intégré aux remparts).
La rue Clare est percée dans l’axe du marché des Capucins (dont la belle porte sera détruite) au XIXe siècle. Étonnamment elle sera inachevée au delà de la Flèche du clocher, vers les quais, ce qui créée un mélange de rues arrondies et des façades hautes visibles alignées sur les anciens tracés. les photos de API/Jacques Rouaux l’illustrent bien. La Grande Voie prévue (axe de la rue de Tauzia actuelle) qui devait relier la Gare St Jean au Grand Théâtre ne sera jamais achevée, ce qui a évité de transformer la place en rond point, tout en l’enclavant.
Ce quartier est atypique, ses voisins Saint Pierre qui était insalubre (avec les quartiers Saint Paul et Saint Éloi) ont été rénovés et sont devenus assez propres et « bobos ». Le quartier Saint Michel est très cosmopolite et a une forte image de solidarité et d’intégration, ce qui le distingue des autres quartiers, c’est un peu une porte d’entrée dans Bordeaux. Notons un détail intéressant et des similitudes avec le vieux quartier Mériadeck qui était très vivant mais extrêmement pauvre. Lorsque les élus ont rasé ce quartier typique avec sa brocante dans les années 1960/1980, son mythique marché aux puces était menacé de disparaitre. Un temps déplacé rue Lucien Faure (alors ex-centrée), spontanément il a redonné naissance au mythique marché des brocanteurs notamment à Saint Michel. On y trouve de tout, ce marché est très prisé des bordelais et fonctionne bien. Après une première rénovation dans les années 1980, la place avait été laissée un peu à l’écart des chantiers titanesques qui ont remanié le centre-ville depuis 20 ans, rendant les espaces aux piétons et embellissant les façades, les rues, les équipements publics.
Rénover cette place, en évitant le phénomène de gentrification (exclusion des classes populaires du centre-ville par le fait de la hausse des prix immobiliers suite aux rénovations), qui se produit partout en France et observé vers le quartier Saint Pierre notamment, a amené à un long travail de concertation. En raison de la crise économique, le projet a hélas pris du retard qui a pénalisé le marché, mais le chantier sera enfin finalisé fin 2015 par les architectes Obras. Hormis l’abandon de pavés de bois jugés trop fragiles, leur projet a été globalement mené comme prévu.
Que penser du résultat pour le moment? Lors des travaux, le marché en partie déplacé Quai des Salinières a au final bien résisté. Certaines façades ont été restaurées et le secteur par endroits insalubre s’estréellement amélioré. Mais comme souvent, certains lui reprochent à juste titre l’aménagement très minéral de la place (comme à Pey Berland), or en été la chaleur est difficile en ville. Surtout les potelets anti-voiture sont peu commodes et esthétiques. Pour le côté positif, les architectes ont supprimé un horrible « boudin en béton » qui délimitait plus ou moins la place (photos suivantes, la place aujourd’hui).
Nombre de personnes ont regretté la disparition des lampadaires rétro, mais la place retrouve en même temps le calme avec moins de circulation et plus d’espaces piétons (photos du bas). Les terrasses sont investies aux beaux jours.
Le projet a aussi unifié les 3 places grâce à un tracé de lignes de pavés au sol (peut-être pas assez visibles), qui filent vers la Garonne. Les rues défoncées au bitume assez laid ont enfin un beau pavage et surtout des trottoirs plus larges (rue des Faures notamment). La continuité avec le centre ancien via la Grosse Cloche et le Cours Victor Hugo (qui quoique rénové reste une frontière) est plus nette. Via les quais le pont de pierre et l’échangeur de la Porte de Bourgogne constituant une rupture physique avec la ville. Sur les photos nous voyons la rénovation des chaussées, pavées désormais.
Les travaux sont bien avancés dans les espaces avoisinants, il reste la place Duburg sous la Basilique à finaliser entre l’arrière de celle-ci et des quais. Des découvertes archéologiques intéressantes ont été faites aussi, notamment un ancien cimetière et des vestiges des ilots démolis pour percer la rue Clare. Le marché a enfin retrouvé sa place en décembre 2014, et les plantations en cours ainsi que les finitions permettront de se faire une idée plus précise du résultat final. D’autres places ont été transformées et rénovées en ville, mais cet espace était l’un des plus grands en centre-ville à rénover, la connexion avec le quartier Sainte Croix et la Gare (Euratlantique) va également renforcer son attractivité.
