De l’ilot Sudouest à la Promenande Sainte Catherine

Bonjour,

Après un long détour par Mériadeck, voici un immense chantier en plein centre historique, paradoxalement il se voit peu car enclavé entre plusieurs ruelles étroites. Le journal SudOuest avait son siège social et ses imprimeries entre la rue Sainte Catherine et la place Lemoine (nom du fondateur du journal). Je connais bien le site pour y avoir travaillé en intérim en 2006! Sur une parcelle d’environ 20000 m² se trouvaient des bureaux, un hôtel particulier et surtout les immenses rotatives et imprimeries du journal.

Début 2000, en raison du rééquilibrage de l’agglomération sur la rive droite et pour des raisons tant financières que logistiques, les imprimeries ont déménagé sur le Quai de Brazza à la Bastide dans une zone franche. Le siège social du groupe a par la suite construit son nouvel immeuble visible Quai de Queyries dans un bâtiment bien visible depuis la rive gauche et assez moderne. A l’origine il y avait probablement un centre important religieux ou administratif dans la ville romaine au regard des statues et vestiges exceptionnels retrouvés dans les années 1950 (constructions successives des bâtiments de Sudouest) et 1980 (Construction de St Christoly à quelques mètres de là), dont les rues Sainte Catherine et Porte Dijeaux étaient les axes majeurs.

Le promoteur Redevco qui gère nombre de programmes très ambitieux (et généralement de haut standing) pour les logements, commerces et activités avait acquis les anciens bâtiments et détient le magasin C&A rue Porte Dijeaux. La mairie a décidé de saisir cette occasion pour supprimer les impasses insalubres du secteur et de remettre en valeur la place Lemoine tout en créant du lien dans le quartier par deux nouvelles places. Les architectes Valode&Pistre ont donc proposé un ambitieux programme mixant des commerces en rez de chaussée (et parkings) et des logements aux étages, le tout autour d’une place d’eau en hommage au port Romain plus ou moins situé dans ce secteur, pour l’instant nommée « Promenade Sainte Catherine ».

 

Après plusieurs retards, liés à la crise économique et aux procédures juridiques classiques, le programme a été légèrement modifié, notamment pour correspondre aux exigences des « Bâtiments de France » de ce secteur classé. Les parkings souterrains ont été déplacés hors sol pour limiter les risques liés aux fouilles archéologiques, riches dans le secteur et qui avaient retardé le chantier de l’Auditorium de plusieurs années.

Techniquement c’est un tour de force car il faut démolir près de 18000m² de bâtiments dégradés (pour certains amiantés) via des rues étroites (une dalle de béton a été aménagée de manière provisoire pour supporter des camions de gabarit réduit). Depuis Mars la première moitié de l’ilot est presque libérée, entre les rue Margaux et la place Lemoine. Restent les anciennes rotatives à découper et à enlever ensuite ainsi que la grande quantité de gravats. Cette de vue AéroPhoto Industrie donne une idée de l’ampleur de la tâche, à mi parcours mi-juin 2012. Notons que le chantier voisin de transformation de l’ancien siège social de Gaz de Bordeaux en hôtel Design Mama Shelter a été coordonné avec celui-ci pour réduire les nuisances auprès des riverains dans ce secteur contraint et très touristique.

Rue Sainte Catherine, depuis la FNAC, une impasse donne sur chantier et permet de réaliser l’ampleur de la tâche, pour les immeubles anciens, seules les façades ont été conservées. Le magnifique hôtel particulier du groupe Sudouest est bien entendu conservé. L’été 2012 sera ensuite consacré à la démolition du magasin C&A pour créer un passage entre les rues Giraude et de la Porte Dijeaux.

démolitions

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’ici 2015, 17000m² carrés de commerces (dont le C&A relocalisé et un Monoprix) et 69 logements seront réalisés autour de deux places (Ste Catherine et Lemoine) mises en valeur par une fontaine et un « immeuble totem »comme nous pouvons le voir sur ces rendus de « Valode&Pistre » les architectes.

La maquette du projet avait été exposée à la Biennale Agora de 2010 et donne une idée plus précise de ce qui se construira à terme. Cette place aura également des espaces de vie et de restauration manquants dans un secteur aux ruelles médiévales et étroites, qui contraste avec les grandes artères percées (Rue Vital Carles) ou redressées (Rue des Trois Conils, …) aux XVIII et XIX siècle.

 

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L’avenir de Mériadeck

Bonjour,

Le journal Sudouest a publié deux articles très intéressants, l’un sur la démolition de la Croix du Mail que nous avons présenté dans ce blog, l’autre sur le devenir du quartier Mériadeck et comment mieux l’intégrer à la ville centre.

L’immeuble a disparu en à peine trois semaines (sans compter le travail préparatoire de curage de l’immeuble), tous les matériaux étant recyclés et valorisés). Du coup les perspectives Cours Anatole France et Musée des Beaux Arts ressortent de plus belle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ilot Bonnac terminé avec le réaménagement d’une Rambla rue St Sernin et la transformation de la rue Bonnac en rue piétonne dans la partie vers le square des Commandos de France a déjà amorcé la transition. En effet, le Centre Commercial a été rénové de fonds en comble intérieurement au début des années 2000 et une tentative de l’ouvrir sur l’extérieur, la dalle Charles de Gaulle notamment. Quant aux passages dans l’ilot Bonnac, ils peinent à trouver leur clientèle tout comme les boutiques aux niveaux supérieurs de la galerie marchande, faute d’accessibilité notamment.

La Cité Municipale vise à redonner vie à un secteur assez terne en soirée et peu accessible, en faisant la jonction entre la jardin suspendu Charles de Gaulle et la ville basse face à la mairie. Une partie arrière du tunnel et le retrait dans les volumes bas du bâtiment va permettre de faciliter les flux piétons rue du Château d’Eau et rue Bonnier (qui seront réduites notamment). La Croix du mail a été démolie car une opportunité s’est présentée à la mairie lors de la vente des 3/4 de l’immeuble, difficilement modifiable en raison des nombreux poteaux liés à sa structure en croix.

Un raté a eu lieu début 2000 lors de la démolition d’un entrepôt (magasin Fly) Cours du Maréchal Juin pour construire un immeuble de logements qui dénote: aspect massif, revêtement extérieur sans aucun lien avec le quartier et surtout une belle opportunité perdue pour créer la Cité Municipale sur ce site. Car la Cité Municipale, bien tentant de concilier les impératifs techniques (loger environ 800 agents de la mairie), urbains (respecter le PLU et les alignements des rues) va dans tous les cas couper encore plus la perspective du Cours Anatole France et sa partie supprimée dans les années 1960. Son aspect massif et la suppression du square André Lhote a fortement déplu.

Certains architectes lors d’un atelier ont déploré l’occasion manquée de démolir la devanture rue du Château d’Eau avec la barre du même nom (seule réalisation effective du premier projet du quartier fin 1950), voire de la Caisse d’Épargne ce qui aurait amélioré la transition avec la ville ancienne.

 

 

Cependant la situation peut encore évoluer: l’immeuble Caisse d’Epargne de Edmond Lay est à vendre. Or cet immeuble présenté sur le blog partenaire de Mériadeck est particulier, en effet il a été conçu pour le quartier du lac initialement mais le lobbying de Jacques Chaban Delmas a finalement permis l’implantation de ce projet visible à 360° sur Mériadeck mais ils ne pouvaient plus modifier le dessin de l’immeuble déjà validé. Du coup cet immeuble dénote avec le plan en Croix et sur dalle du quartier, sa perspective est aussi tronquée par la barre du Château d’Eau et le Centre Commercial. Le journal Sudouest mentionne l’intention du propriétaire de la Galerie Commerciale de le racheter pour le démolir et enfin créer une véritable entrée et une extension, ce qui dans un sens serait souhaitable si la qualité architecturale est au rendez-vous. Mais la ville s’y oppose, en effet faut-il raser ce bâtiment très connu et primé dans les années 1980, bien que dénaturé par la suite et peu fonctionnel? Ne faut-il pas plutôt le remanier et en faire un musée ou un équipement public (mais à quel prix et comment concilier les impératifs du centre commercial avec ceux de cet immeuble)?

Se pose donc la coordination d’ensemble de l’évolution du quartier, nécessaire mais sans le dénaturer car il est intégré au périmètre UNESCO. L’agence Flint avait proposé un projet de rénovation du quartier et de renfort des connexions entre la dalle et la rue, mais les finances faisant défaut, il semble hélas peu faisable à ce jour (notamment la suppression du tunnel rue du Château d’Eau qui en plus bloquerait le tram A pour six mois sur ce cliché de Aéro Photo Industrie).

Quel parti prendre dans ce cas, car certains immeubles récents tels la tour Cub 2 rue Jean Fleuret semblent de qualité médiocre sur le plan architectural, et à juste titre la démolition de la Croix du Mail a rompu une partie de la perspective aérienne des plans en Croix si caractéristique au quartier. Enfin le Département de la Gironde souhaite rénover/agrandir l’immeuble Croix du Palais (identique à l’ex-Croix du Mail) et à le connecter à la rue ce qui briserait la perspective de la dalle, autre fondement du quartier. Cependant à titre personnel le quartier a détruit toute trace du passé en 1960, y compris le réseau de voiries (en grande partie) et les perspectives historiques, il doit pouvoir évoluer. Par exemple une hypothèse est de considérer l’esplanade Charles de Gaulle comme le prototype du quartier sur dalle et mieux raccorder les ilots isolés à la ville basse, ainsi le quartier fonctionnera mieux.

Après les rénovations le long des limites du quartier: l’axe du Cours du Maréchal Juin, la rue François de Sourdis et le Cours d’Albret, il faudra également remanier l’axe Georges Bonnac qui est la partie la plus ancienne et la plus repoussante du quartier, hormis la rénovation réussie de la Poste Centrale (qui du coup atténue son aspect massif), la connexion avec le quartier st Bruno serait à retravailler soit en jouant provisoirement sur la végétation, soit idéalement en construisant des immeubles bas face aux parkings pour donner vie à la face moderne de la rue (l’autre moitié étant le quartier historique).

Pour finir voici la vidéo officielle de la Cité Municipale proposée par Paul Andreu/Richez Associés.

La future Cité municipale de Bordeaux par villedebordeaux

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