Le plan d’urgence des mobilités mis en oeuvre

Bonjour.

Depuis les premiers articles sur les transports en commun de février 2014 et celui sur la saturation routière fin 2015, nous n’avions pas abordé en détail le dossier des transports locaux. Le plan urgence mobilité est une bonne occasion de revenir sur les avancées, les projets et les blocages sur le sujet. Ci-dessous, les travaux de la quatrième ligne de tram, la ligne D qui ouvrir fin 2019, début 2020.

Tout d’abord sur les grandes distances, Bordeaux est à 2h de Paris depuis près d’un an, malgré les grèves actuelles, la LGV SEA l’Océane est un plébiscite, la demande a cru et le service rencontre un franc succès. Pour ses extensions, le plan national et la coupe drastique des budgets a hélas impacté tous les projets de Ligne à Grande Vitesse du territoire, même si les enquêtes publiques sont finies et le recours rejetés contre la la ligne GPSO. Le scénario le plus optimiste ne verra pas la ligne vers Toulouse avant 2027, éventuellement phasé en 2 parties à notre grand regret, l’axe Bordeaux Nice concernant des villes peuplées est obsolète et le doubler d’une ligne moderne améliorerait aussi la desserte locale, prions pour qu’il se fasse rapidement.

En termes routiers, l’État pourrait allonger la durée des concessions pour mettre aux normes autoroutières les voies entrantes vers Bordeaux: A63 côté Sud en Gironde (dans les Landes c’est déjà fait), l’A660 vers Arcachon a presque fini sa mise en double voie. La RN89 dangereuse n’a pas de projet immédiat mais il faudra s’y attaquer également. Les autres autoroutes sont déjà redimensionnées à 2 ou 3 voies. La route du Médoc attend la suite du feuilleton tragique de la Déviation du Taillan Médoc toujours suspendue aux recours (l’ironie est que le mal est fait: le terrain est défriché), d’autres portions vers le nord sont sous-dimensionnées.

 

La rocade de bordeaux frise la saturation, le potentiel Grand Contournement étant entre parenthèses (et pas avant 20/30 ans), la mise en 2×3 voies a bien avancée, depuis 2015, jusqu’à la sortie 9. Le chantier va se poursuivre sur les échangeurs 9/8 et 4/5 qui sont saturés (la nouvelle bretelle 4A vers le stade a connu une mise en service anticipée). Avec la rallonge budgétaire de la métropole, les sections manquantes (sorties 8-5) et amélioration de la 4 seraient finies vers 2022 (voire avant si une concession est rallongée en contre-partie). Rive droite, la connexion avec l’A10 devra être améliorée ainsi que la dangereuse sortie 26 vers l’A89. Surtout la très bonne nouvelle a été l’accélération de la suppression des rétrécissements sur le pont Mitterrand, déjà réalisé sur la partie intérieure, en cours sur la partie extérieure avec la disparition d’une piste cyclable qui empiétait sur les voies. Ce projet a été une belle surprise qui va pouvoir réduire l’un des pires bouchons de la rocade.

L’aéroport connait un boom et dépasse les 6 millions de passagers annuels, le terminal Billi a été agrandi (et le sera encore) face au succès du Low Cost. Le terminal principal aura à terme (vers 2020) un bâtiment central de jonction pour faciliter les contrôles et embarquements tandis que le tram A sera prolongé depuis les 4 Chemins (Mérignac Soleil) vers l’aéroport.

Le gros souci reste ici les accès routiers. A tel point que les gros employeurs ont fait pression face à la saturation chronique et l’urgence d’agir. De nouvelles voies transversales et le recalibrage des avenues en 2×2 voies ainsi que l’agrandissement des ronds points est en cours. Le Boulevard technologique (sur les voies existantes) parallèle à la rocade étant la réalisation phare. L’avenue Marcel Dassault va être prolongée également.

Le fleuve a toujours été un obstacle naturel mais le pont levant Chaban Demas ouvert en 2013 a révolutionné les flux, désormais il a permis même de supprimer la circulation voitures sur le pont de Pierre (qui subit des travaux de rénovation/confortement à l’approche de ses 200 ans). Il voit énormément de cyclistes et piétons l’utiliser depuis. Pour le pont Levant, la mise en 2×2 voies de la rue Lucien Faure avec couloir de bus central a nettement amélioré les choses avec un bémol, l’oubli d’une réelle piste cyclable…

Rive droite c’est toujours en suspens, pas de débouché direct mais un carrefour en T le temps de construire le quartier de Brazza, hélas seule une voie est prévue, sous dimensionnée alors que le format boulevard Lucien Faure ou quais était plus adapté à la croissance de la population rive droite. Plus loin le pont Saint Jean est en travaux quai Deschamps pour créer l’opération Bélvédère sur le quartier Garonne Eiffel. Cela génère de nouveaux bouchons, associés à ceux de la requalification à venir du boulevard Joliot Curie. Une passerelle inutilisée pendant des années pour accéder au pont Saint Jean a finalement été remise en service le temps des travaux rive droite.

Rive gauche le « paquet de nouilles »qui sert d’échangeur pour le pont Saint Jean a enfin une configuration nouvelle qui a été dévoilée, il y aura une entrée/sortie unique sur le côté du pont TGV, d’une part vers la ville, de l’autre vers le Boulevard des frères Moga qui sera transformé en boulevard urbain (c’est une autoroute sur pilotis à ce jour). Le pont Saint Jean par ces aménagements retrouvera son rôle central de bouclage des cours avec l’amélioration de ses accès.

La raison de ce redimensionnement et du déclassement de l’A630 (Boulevard Moga et Wilson) est l’ouverture prévue en 2020 du pont Simone Veil (boulevard Jean-Jacques Bosc) qui va lui aussi boucler avec le pont levant les boulevards, et surtout éviter les bouchons du secteur du pont Saint Jean avec un accès plus extérieur, en lien direct avec la Bordeaux Métropole Arena.

Les travaux démarrent doucement, les emprises rive droite et désormais rive gauche avec les déviations de trafic seront finalisées en juin, enfin l’estacade dans le fleuve est à mi hauteur pour réaliser le tablier. Nous entrons donc dans le vif du sujet, ce pont très large inclura aussi un transport dédié. Depuis mi-Juin déjà les emprises du pont en rive gauche ont décalé la circulation. Mais nous venons d’apprendre qu’un différent de chantier va repousser son ouverture entre 2021 et 2024, ce qui serait dramatique sur le développement des quartiers alentours.

Quartier Euratlantique, la voie Carle Vernet a sa déviation (et son élargissement) en cours bien qu’une maison non démolie bloque le chantier pour l’instant. La rue d’Armagnac doublée va aussi se connecter au pont de la palombe qui vient d’être posé au-dessus des voies ferrées entre les quartiers Amédée et Armagnac (ouverture en 2020 une fois les raccord terminés). Ce pont fera la boucle avec le pont du Guit existant et évitera d’engorger l’avant de la gare côté saint Jean, en offrant un accès presque direct depuis les boulevards. Nombre de voies sont prévues aussi dans les nouveaux quartiers (apaisées avec espaces piétons assez larges) pour fluidifier les flux de circulation.

Un autre gros chantier va se finaliser d’ici 2020: le volet de la phase 3 du tram se conclura en 2019 avec la livraison de la ligne C sud à Villenave d’Ornon (pose des rails en cours) et surtout avec l’ouverture tant attendue de la ligne D du tram vers Eysines via la barrière du Médoc. Ci-dessous la dernière extension de la ligne C au sud à Villenave d’Ornon.

 

Certaines portions de la ligne D sont presque finies (Cours de Tournon), le gros du chantier se passe entre les Boulevards et le terminus. Des rames supplémentaires on été achetées pour faire face à la saturation et augmenter les fréquences; Face au vieillissement du réseau (qui a déjà 15 ans!) des travaux de réfection des rails et boitiers APS sont en cours. D’autres terminus partiels, en particulier sur la Ligne B entre la Victoire et Saint Nicolas sont envisagés.  Ci-dessous, la ligne D entre en phase de finitions dans le centre-ville rue Fondaudège et Cours de Tournon notamment, cette section sera alimentée par le sol en raison du site patrimonial, plus coûteux, mais cela évite les caténaires disgracieuses.

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Pour la phase 4 évoquée, un projet de prolonger la ligne D vers Saint Médard en Jalles semble envisagé mais sincèrement est-ce la priorité alors que les lignes radiales manquent cruellement au centre de la métropole? Prioriser ce projet pour des raisons politiques est discutable… Au contraire la prolongation de la ligne A vers l’aéroport qui est un gros bassin d’emplois et un enjeu économique (et touristique majeur doit se faire au plus vite car il ne maque que 4,5 kms).

Le SDODM prévoit aussi un gros projet de ligne de Gradignan vers l’hôpital Pellegrin (le plus gros employeur de la région), puis via les boulevards vers Cenon (via le pont Levant). Une autre ligne en mode tram pourrait se faire en plaine rive droite. Mais ces chantiers qui permettraient de requalifier les boulevards pour 450M€ risqueraient de paralyser la ville. C’est la ligne 6 sur ce schéma officiel et l’une des plus probables dans sa réalisation avec le projet d’extension vers l’aéroport du tram A (projet 2 ici).

Ne serait-il pas temps de penser à un métro en tranchée couverte (du moins en partie) sous les boulevards puis qui passerait à hauteur des Quinconces sous le fleuve vers la Bastide comme le propose le chercheur Mickaël Beaubonne? Il a réussi à faire plusieurs articles de journaux et émissions télévisées locales, ce qui a permis de rouvrir le débat.
Les travaux seraient lourds mais cela permettrait de maintenir les voitures en vélos en flux moins denses et d’assurer une desserte rapide longue distance, le tram étant assez lent. Ci-dessous le plan des 2 lignes, en partie sous des voies routières existantes, ce qui est intéressant ce sont aussi les 2 franchissements sous fluviaux, notamment aux  Quinconces où la distance est très importante entre les ponts Chaban Delmas et le Pont de Pierre.

Les couloirs de Bus sont en cours de développement aussi, la ligne BHNS (bus rapide en site propre vers Saint Aubin via une partie des cours) a vu sa déclaration d’utilité publique mise en suspens face aux recours, ce qui en soi éviterait peu-être un projet sous-dimensionné au lieu de crée une ligne E de tram via Caudéran (la grande oubliée du réseau), via pourquoi pas une branche de la ligne A du tram?


Quid de la ligne de Ceinture? Au Bouscat secteur Sainte Germaine (connectée à la future ligne D du tram), une nouvelle halte compléterait celles d’Arlac (qui a déjà une connexion au tram A) et de Caudéran, cette ligne est sous-exploitée et idéalement située entre cours et Boulevards, mais les trains de fret en ont besoin la nuit. Comment la boucler en rive droite (nombre de tracés dans des terrains en friches sont disponibles comme la voie Eymet abandonnée vers Floirac à droite ci-dessous).

 

D’autres modes apparaissent: l’autopartage, les vélos électriques,… Mais il va falloir penser à une solution intégrée, à savoir améliorer les routes tout en créant un réseau de transport plus conséquent. Pour les vélos, les continuités cyclables sont importantes aussi. Enfin en centre-ville, la suppression des nombreux feux de circulation, la rénovation des places centrales Gambetta et Tourny vont finaliser la sanctuarisation du centre classé UNESCO.

 

Espérons que les autorités cessent d’opposer les modes de transports et pensent de manière globale et coordonnée, y compris en améliorant les axes routiers et en assurant une meilleure organisation des chantiers pour éviter la paralysie. Espérons que ce plan mobilités soit appliqué, et surtout que les lignes de transport ambitieuses (notamment les radiales) deviennent un jour réalité!

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