Bonjour.
Le projet de la future place Gambetta présentée le mois dernier est intéressant. Cette place plait beaucoup aux bordelais car elle a l’un des seuls jardins de centre-ville dans une ville plutôt minérale et où la chaleur est vite étouffante en été. Ce nouveau projet semble à la fois pour réduire les dépenses (planter des pelouses est moins coûteux que des pavés) et surtout montrer une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les aménagements des places rénovées. L’exemple le plus emblématique est la rue jardin rue Kléber. Mais ce projet a mis 6 ans à se concrétiser.
Bordeaux a radicalement transformé son image depuis 20 ans. La belle endormie a nettoyé ses façades noircies par la pollution qui ont retrouvé leur belle couleur blonde. Nombre de secteurs peu attirants et laissés à l’abandon ont été réaménagés, tout d’abord en centre-ville lors que la création des lignes A, B et C du tram, puis au fur et à mesure presque partout en ville centre, ci-dessous places st Camille Julian et de la Victoire.
Cependant même si la place du piéton s’en est trouvée renforcée, la circulation automobile en périphérie s’est dégradée car le développement des transports en commun, faute de moyens suffisants et en raison de luttes politiques ont connu une évolution pas toujours logique. Les Boulevards de Bordeaux en ont le plus souffert et après les promesses électorales, nous voyons que le sur-place est parti pour durer… Récemment les aménagements ont repris en centre-ville sous l’impulsion de la ligne D du tram en chantier (ouverture attendue en 2019, les réseaux sont en cours de travaux), cela va concerner le secteur Tourny Fondaudège surtout.
Mais que penser de la place du végétal en ville? Si nous comparons Bordeaux aux villes espagnoles, comme Séville (au climat très aride en été), nous voyons que le centre-ville est trop minéral et cela génère des « ilots de chaleur » en été. Nîmes plus près de nous a créé des ramblas arborées pour rendre la ville agréable en été.
Plus loin étant allé à Budapest il y a peu, nous avons vu que nombres de places et de mini-squares magnifiques et à la fois simples se répandent partout en ville. Parfois de simples arbres en pleine terre avec des pelouses, sur Bordeaux cependant comme sur le parking Gambetta, seules quelques buttes de terre sans arbre ont été réalisées…
A Bordeaux la réussite restera la conquête des quais rive droite où les entrepôts désaffectés laissent place à des espaces verts et où le patrimoine (caserne Niel) est rénové. Rive gauche les quais ont des désormais des arbres, le miroir d’eau et ses jardins attenants, st Michel a un parc sur les quais face à la basilique.
Mais paradoxalement certaines places majeurs de Bordeaux parmi les premières rénovées ont perdu leurs squares et leurs arbres… Cédant à une mode d’architecture nordique, froide et minérale, inadaptée aux villes du sud. Le pire exemple étant la place Pey Berland avec son sol noir et sans aucun arbre côté mairie, l’été c’est intenable. Ce problème impacte nombre de places centrales et historiques, ainsi que les boulevards et les zones commerciales de banlieue sur lesquels un changement de politique est indispensable.
A Mériadeck, la place historique rasée sous Chaban avait cédé la place au square André Lhote sur ses franges mais il a été rasé pour la Cité Municipale, tandis que le square des commandos n’a plus aucun arbre. De mini espaces verts agréables ont été réalisés secteur Bonnier, Cours d’Albret mais cela ne suffit pas. Ci-dessous l’ancien square Lhote et à droite à quelques mètres plus loin le site qui l’a remplacé, très minéral.
La place de la Victoire, le Cours de l’Intendance, mais aussi les récentes rénovations de de la place st Michel et la place ste Catherine sont très minérales hélas, bien que plus agréables que par le passé. Pourtant le Cours du Chapeau Rouge sous le Cours de l’Intendance a des massifs très réussis.
Espérons que les futurs projets vont suivre le modèle de la rénovation de la place Gambetta. Plus loin, le secteur du lac qui a vu naitre l’écoquartier Ginko aurait pu par exemple avoir des plantations d’espaces tampons avec une forêt de pins comme en bord de rocade, ou comme cela a été fait subtilement autour du stade du lac. La zone commerciale Mérignac Soleil qui a été plantée et embellie aurait pu inspirer le secteur de Auchan Lac particulièrement hideux. Espérons que la rénovation repoussée de la place de Latule soit plus verte ainsi que celle de Ravezies laissée en suspens.
Le périmètre Euratlantique, l’ensemble de la rive droite et les Bassins à Flots redonnent espoir car il semble que des espaces verts soient prévus dans une zone où ils n’existaient pas. La rue Lucien Faure qui était laide et aride devrait sous peu recevoir ses premiers arbres, comme l’avenue Thiers en son temps.
Mais au centre ville, hormis les secteurs où l’espace est trop réduit (Cours de l’Intendance), espérons que la mairie saura tenir tête aux architectes et à leur droit d’auteur parfois excessif pour optimiser les aménagements, Mérignac a eu le même souci et a posé des bacs avec des arbres après avoir rasé les anciens spécimens sur la place du marché. Le projet Euratlantique prévoit comme les quartiers neufs en rive droite (Garonne Eiffel et Brazza) des espaces beaucoup plus arborés, la raison est aussi que les zones étant inondables, les parcs permettront de stocker le surplus d’eau en cas de crues cumulées avec de fortes pluies. Le Jardin de l’Ars semble aller dans ce sens (photo du bas), souhaitons-le car les arbres et les mini-espaces verts permettent de climatiser naturellement la ville en été.