Bonjour,
A l’occasion des 4 ans de ce blog, revenons en images sur les évolutions récentes de Bordeaux. L’expression « la Belle Endormie » ne vous rappelle rien? Une ville grise, polluée, embouteillée et noire, peu dynamique avec un port en déclin. C’était pourtant la réalité des années 1990. Un comparatif avant/après s’impose en images. Sur cette première photo, un immeuble en partie ravalé donne une idée de cette transformation.
L’ancien Maire de Bordeaux Jacques Chaban Delmas avait fait énormément de projets, certains ont permis à Bordeaux de s’équiper d’infrastructures fondamentales manquant parfois à certaines grandes villes, notamment une rocade qui ceinture entièrement la ville, ainsi plusieurs ponts (celui d’Aquitaine étant le plus connu).. D’autres projets ont été douloureux comme les ZUP qui ont défiguré les parcs des châteaux de la rive droite (Lormont, Cenon, Floirac), et surtout le vieux quartier populaire aimé mais insalubre de Mériadeck entièrement rasé.
Cependant après le choc pétrolier et la fin du boom économique des 30 glorieuses, certains projets lancés ont été hélas mis en suspens (Bordeaux Lac). Pour d’autres cela a évité de défigurer le sud de la ville: rocade intérieure rive gauche entre le pont Saint Jean et la bibliothèque de Mériadeck… Après 50 ans de règne Bordeaux avait besoin de renouveau. Arrivé en 1995, la ville a eu la chance d’avoir un maire (et des présidents d’agglomération) bâtisseurs et volontaires. Ceux-ci quelque soit leur bord politique ont travaillé globalement ensemble, en coordination avec les villes en périphérie (la fameuse « Co-Gestion »). Ci-dessous le miroir d’eau et le Cours de l’Intendance, symboles de cette réussite.
En vingt ans Bordeaux a retrouvé son sourire et son dynamisme, le coup de génie de Alain Juppé et de ses partenaires a été de retourner la ville vers le fleuve, son réel axe central et historique. En 1995 le pari était audacieux, les esprits assez conservateurs n’avaient pas accepté la mort du port industriel en centre-ville. En images, voici les quais, alors abandonnés, entourés de Hangars en ruine et transformés en autoroute urbaine dans les années 1970, minéraux et infranchissables, cernés de grilles. En 10 ans leur rénovation en a fait la promenade prisée des bordelais et des touristes et l’activité portuaire est ressuscitée, bien que plus tournée vers les croisières et le tourisme fluvial (le port industriel ayant migré en aval du fleuve vers Bassens).
Deuxième axe fort, la connexion de la rive droite à la ville ancienne en rive gauche, via le tram A (unique ligne pour le moment) et surtout le pont Chaban Delmas qui sera suivi vers 2018 du pont Jean Jacques Bosc. Les boulevards seront ainsi bouclés. Cette révolution est visible sur ces clichés, en 5 ans à peine, la zone d’abandon, sale, squattée et triste près du parking de Cap Sciences est devenue un lieu de passage et de promenade vers l’autre rive!
En 3 ans le pont Chaban Delmas a été l’un des plus beaux chantiers de la ville.
Ce changement a entrainé la refonte méconnaissable du quartier des Bassins à Flots rive gauche. Dans l’axe du pont levant en rive gauche se trouvait la sinistre rue Lucien Faure avec des maisons et des hangars en ruine, squattés le plus souvent. En 6 ans à peine les hangars rasés ont permis de transformer cette rue en axe majeur des boulevards de Bordeaux avec un couloir de bus évolutif en tramway. Les photos prises à peu près au même endroit encore une fois parlent d’elles mêmes. Les travaux ne sont pas achevés, mais avec les arbres et les animations prévues (cinéma, bureaux, restaurants,…), le plus impressionnant est à venir. La transformation du quartier est extrêmement rapide Parfois trop peut-être? Comment vieillira en effet la mode des bâtiments de métal aux formes industrielles?
Une autre révolution est venue de la création d’un réseau de transports en commun. Les trams A, B, C ont été complétés par un remaniement profond du réseau de bus, la création des Batcub (navettes fluviales) et enfin des Vcub (Vélos en libre service), malgré des imperfections liées à certains tracés pas toujours pertinents (tram) et au manque de lignes radiales, le réseau de transports s’est considérablement amélioré vers la rive droite et le campus. L’axe Nord-Ouest fort en retard va accueillir le Tram Train du Médoc et surtout la ligne D dont les recours ont enfin été levés (les chantiers ont repris en juillet). Une ligne E en bus rapide est prévue aussi, espérons une évolution en tram à long terme. A gauche le bus articulés, à droite le tram qui le remplace.
Le pont Chaban Delmas a aussi amorcé la suite de la rénovation en rive droite, plus nature et plus sauvage. Les projets de Bastide Niel et de Brazza en rive trainent pour démarrer (terrains pollués, projets remaniés régulièrement)… Après Bastide 1 qui est achevé, seule la Caserne Niel a en partie été rénovée (la photo de gauche illustre le chemin parcouru), et les archives municipales sont construites dans le secteur. Pour Brazza, espérons du courage politique avec la réalisation d’une route 2×2 voies avec un tram/bus au centre dans l’axe du pont pour irriguer le quartier. Le projet Brazza semble lancé mais ses terrains pollués ne seront-ils pas un obstacle à sa réalisation. Quant à Bastide Niel, comment va se concrétiser la vision d’un architecte (trop?) avant-gardiste (MVRDV, Winy Maas) dans une ville ancienne assez traditionnelle dans son urbanisme?
Troisième axe de réussite, la rénovation des banlieues coordonnée intelligemment: la Rénovation Urbaine lourde a permis la disparition de nombreuses tours et barres pour remettre en valeur le parc des coteaux (Lormont Cenon Floirac et Bassens), car nombre de châteaux ont été conservés. Malgré une baisse des crédits qui risque d’affecter les projets retardataires (la Benauge et Floirac Dravemont), heureusement l’ensemble des démolitions a été réalisée. Surtout, le projet Garonne Eiffel va relancer la partie sud de cette rive.
Plus au nord, Bordeaux Lac lancé en 1950 retrouve sa vocation sportive et de tourisme d’affaires (rénovation à venir du parc des expositions qui est enfin desservi par le tram C), implantation du Grand Stade de Bordeaux près de l’Ecoquartier Ginko qui fait le nœud avec le quartier des Aubiers et la ville ancienne. Les photos ci-dessous ont été réalisées à 3 /4 ans d’intervalle vues du même angle. Le quartier Ginko a encore la moitié de sa réalisation à venir (surtout sa connexion au centre-ville via la place de Latule.
Le secteur de l’aéroport de Mérignac, le Plan Campus sur Pessac, Gradignan et Talence, et nombre de projets connectent les villes de banlieue et les embellissent (sans hélas enrayer l’étalement urbain en raison du prix de l’immobilier ayant flambé en 10 ans).
Enfin et le plus important de ces changements concerne le patrimoine historique exceptionnel qui a été nettoyé et rénové, le centre historique de Bordeaux a été rendu aux piétons. Même si certains choix de circulation sont aberrants et ont asphyxié certains quartiers, notamment sur les Boulevards, nombre d’anciens parkings sauvages ont vu leurs voitures ventouses partir et aller en sous-sol. L’exemple le plus emblématique étant le Miroir D’Eau de Michel Courajoud (artisan des quais décédé il y a peu). Cette place est connue sur le plan mondial. Par ailleurs, nombre de logements insalubres et vacants ont été rénovés et sont désormais habités, Bordeaux centre regagnant enfin des habitants. Enfin les ruelles du centre-ville inadaptées aux voitures redeviennent piétonnes (ici dans le quartier st Michel).
Pour la suite de ces transformation, Mériadeck a eu nombre de projets pour mieux l’intégrer au Bordeaux ancien, pas toujours pertinents (la Cité Municipale sur les ruines de la Croix du Mail a créé un rempart avec la ville de pierre), mais qui ont permis de reconnaitre ses qualités fonctionnelles, notamment grâce au raccord piéton vers la place Gambetta (qui sera rénovée autour de 2018).
Les changements à venir les plus prometteurs pourraient venir du quartier (rive gauche et rive droite) de la Gare Saint Jean, elle même en pleins travaux. Malgré la crise qui l’avait ralenti, le quartier d’affaires Euratlantique semble (enfin) démarrer sur les chapeaux de roues, avec nombre de chantiers. La raison de ce regain de vitalité: la LGV arrivera en juillet 2017, les travaux étant quasiment finis (pose des rails en cours), nombre d’entreprises s’y intéressent. D’où ces dernières photos du quai de Paludate, vestige des quais comme ils étaient avant pour se faire une idée du chemin parcouru et à venir!