2020 année zéro et pause forcée, quel renouveau ensuite?

Bonjour,

Bonne année 2020 (encore une fois très en retard)! Ce décalage permet de porter un autre regard sur l’évolution de Bordeaux et de ses projets urbains.

Cette année restera vraiment unique pour plusieurs raisons, déjà en février 2019, après les manifestations violentes des gilets jaunes, le départ anticipé et subit de l’emblématique maire Alain Juppé rebattait les cartes, mais 2020 a pris tout le monde par surprise. Malgré un premier tour des élections municipales maintenu alors que nombre d’électeurs n’ont pu aller voter, le second tour reste en suspens, car la pandémie du Covid-19 (personne à ce stade n’ignore de quoi il s’agit) a rendu la campagne  qui était déjà passablement ennuyeuse et sans ambition, inaudible. Les 4 candidats finalistes à moins d’une annulation du premier tour, restent dans le classement des sondages mais la diminution de l’écart de près de 10% entre les 2 leaders pause question, sachant que l’électorat âgé n’a pu en partie aller voter (participation de 36%), sans parler de certaines communes comme Cenon avec 70% d’abstention… Ce qui indéniablement fausse aussi la donne pour la Métropole. Pour l’instant le maire LR héritier d’Alain Juppé, Nicolas Florian continue d’assurer la gestion des affaires courantes.

Ensuite le confinement qui a débuté lundi 16 mars a paralysé totalement la vie économique, sociale et culturelle de la ville, du jamais vu. Du coup après quelques écarts et un tour de vis, les rues de la ville sont désertes, ce qui paradoxalement nous offre des vues inédites et magnifiques du patrimoine bâti et du cadre naturel de Bordeaux. Cela questionne aussi sur l’urbanisation de la ville. Les confinés dans les logements créés depuis la deuxième moitié du XXe siècle souffrent d’espaces souvent trop petits et mal insonorisés, cela est complexe lors de sur-densité et sur occupation des logements, pour gérer aussi le télétravail devenu de fait obligatoire. Par exemple le campus a vu environ 4000 étudiants souvent laissés pour compte et paupérisés dans des studios de 9m carrés et pour certains pas toujours salubres. Notons qu’une majeure partie de ces anciennes cités U a été démoli ou rénové, mais pas totalement. A l’opposé de l’échelle sociale une partie des multipropriétaires aisés a choisi d’inverstir leur maison secondaire en bord de mer, cela a exacerbé les inégalités dévoilées au grand jour.

Ce phénomène questionne donc sur la taille et l’évolutivité des logements. Cette crise aussi rebat les cartes sur les transports, la proximité des services, la place du vélo ou encore l’autosuffisance.  Coté médical Bordeaux n’est pas la plus mal lotie avec des grands hopitaux bien réputés du coup la ville et s’en sort relativement bien en capacité de soins, entre autres parce que la crise sanitaire est moins violente que dans d’autres régions. Côté alimentaire, après les mouvements de panique initiaux, les biens de base semblent assurés et la filière locale devrait en sortir grandie, on peut le voir avec le succès du drive fermier aux Quinconces et le déasmour des hypermarchés, trop grands, trop éloignés et dont la mise en pratique de la distanciation sociale et sanitaire ne semble pas faisable.

Cela peut donc questionner sur les grands projets d’hypermarchés de banlieue dont Bordeaux et son département saturent. Quel avenir des galeries aussi en difficulté comme Saint Christoly ou les Passages de Mériadeck? Va-t-on vers une tendance au développement de surface moindres en centre urbain comme le projet Ikea City secteur Euratlantique, sur l’emprise du parking Carrefour Market ci-dessous et d’anciens hangars? La diversité de petits commerces à la fois inépendants et conceptuels va-t-elle survivre alors qu’ils seront les plus impactés par la crise?

Coté mobilités, les 4 lignes de tram et les bus vont le temps que la pandémie soit maitrisée devoir faire face à la fois à des contraintes (et coûts) additionnels de nettoyage et de distanciation sociale, cela va-til favoriser le vélo, la marche et les mobilités douces, ou au contraire signer la fin de tout anti-voiture? Car en périphérie cela montre la limite de chasser l’auto, certains réseaux comme le contournement routier du Taillan Médoc n’ont jamais été vus comme si utiles. Mais il faut aussi sanctuariser le centre-ville piéton, renforcer les pistes cyclables sécurisées. Les restrictions vont peut-être donner un coup d’accélérateur aux extensions et optimiser l’existant?

Le tourisme et la culture ont été des vecteurs majeurs de développement de l’agglomération. L’aéroport qui a juste entammé un chantier colossal de terminal central et d’extension du low cost Billi, va-t-il être coupé dans son élan alors qu’il allait enfin se moderniser pour compenser la faible qualité du service face à une forte croissance quantitative du nombre de passagers? Le plus inquiétant concerne aussi 2 secteurs majeurs de Bordeaux: l’aéronautique qui va souffrir terriblement d’une chute presque totale du trafic aérien, sans parler des multiples faillites à venir de compagnies aériennes.

Le monde du vin aussi lui va particulièrement être impacté, ses marchés porteurs la Chine, les Etats Unis et le Royaume Uni sont particulièrement menacés par la crise sanitaire, les tensions commerciales et le Brexit. Quant au tourisme, le secteur même en Europe sera bloqué avec les restrictions aux frontières tant que le covid-19 ne sera pas sous contrôle. Parlons aussi du tourisme d’affaires, le hall 2 du parc des expositions à peine reconstruit, cela tombe mal côté timing, tandis que le hall 1 devait subir lui aussi une rénovation. Le stade du lac déjà en difficulté en face a du souci à se faire aussi, tandis que l’Arena qui fonctionnait bien sera comme toutes les grandes salles limitée pour plusieurs mois.

Mais gardons espoir, la phase travaux d’Euratlantique semble avancer sur les chantiers du secteur Belcier, la tour en bois Hypérion, sur la webcam prouve qu’en temps de restriction la construction bois peut continuer plus facilement, les espaces publics et aménagements multi-modes, les nouveaux parcs sont une preuve de la bonne conception du projet. Garonne Eiffel est en chantier et la place du Belvédère en plein terrassement. Les appels d’offres du projet retardé régulièrement du pont Simone Veil pour l’ouvrage principal ont été reçus et étudiés avant le confinement.

Aux Bassins à Flots, le Quai des Caps a bien avancé, au lac Coeur Ginko, la phase finale du projet touche à sa fin de chantier, Brazza démarre (certains chantiers étant bien engagés), le projet Bastide Niel bien que lent au début semble prendre un rythme de croisière. Espérons que la qualité des projets, faute de ventes suffisantes en cas de crise comme en 2008, ne génèrent pas une baisse de qualité et certaines réalisations bâclées comme aux Bassins à flot en première phase ou à Ginko en phase 2. Heureusement les phases suivantes ont été améliorées, plus soignées grace au dynamisme économique et immobilier des années 2014/2018 en particulier.

Même si certains projets pourraient être remis en cause pour des raisons politiques (nouveau maire ou majorité à Bordeaux Métropole), ou économiques, nous ne pouvons nier que la crise sanitaire du Covid-19 aura un terrible impact.  Cette crise est annoncée comme pire qu’en 2008, mais n’est-elle pas l’occasion de se réinventer. Par exemple les bureaux en co-working, les logements évolutifs, plébiscités par Euratlantique notamment et la capacité d’adaptation en cas de changement de contexte extérieur sont des pistes qui peuvent redonner espoir. Le MIPIM 2020 ayant été par ailleurs annulé, lui qui dévoile habituellement nombre de grands projets, nous ferons le point sur les chantiers en cours et à venir dans les prochains mois lorsque l’activité démarrera!

 

 

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