Bonne année 2018 qui démarre par l’Ouverture de la salle de concerts Arena!

Bonjour,

Bonne année 2018! Les vœux successifs sur ce blog nous donnent une idée à la fois du chemin parcouru concernant nombre de grands projets terminés tandis que d’autres sont retardés ou abandonnés. Mais 2018 marquera enfin un rattrapage de la ville en équipements culturels. Après donc le premier projet de salle privée avortée, la Bordeaux Métropole Arena que nous annoncions dès 2014 dessinée par Rudy Riccioti (qui a aussi réalisé le parking attenant de 972 places) a été inaugurée le 24 janvier par le groupe Depeche Mode, une belle affiche de 11300 places parties en quelques minutes, ce qui est prometteur.

Toutefois ce succès est rattrapé par des inquiétudes sur le manque de desserte de la salle, les transports et la circulation routière devenant à la fois problématiques et sous-dimensionnés. Pour l’instant les premiers concerts se sont déroulés sans accroc, avec l‘ajout de navettes dédiées par Bordeaux Métropole les soirs de concerts.

Ces inquiétudes sont aussi liées au chantier du pont Jean-Jacques Bosc (appelé désormais pont Simone Veil qui a enfin démarré avec 2 ans de retard. La partie spectaculaire sur le fleuve va se développer au fil de 2018, les emprises et déviations en rive droite dont visibles, tandis qu’en rive gauche le décalage de l’autoroute des quais est en cours. Le pont serait livré en 2020, donc 2 ans après la salle (les 2 projets devaient se faire en parallèle à la base), la faute aux baisses drastiques des dotations de la Métropole, et à l’augmentation des dépenses (personnel lié à la métropolisation et amortissement des autres grands chantiers réalisés ou en cours).

Parmi les nouveaux quartiers évoqués lors des vœux précédents: la dernière phase de Ginko sous forme d’immense macro lot mêlant commerces et logements est en cours, le quartier des Bassins à Flots a avancé plus vite que prévu car environ deux tiers des logements sont livrés.

Euratlantique est en pleine activité sur le secteur Belcier, tandis que le périmètre Garonne Eiffel (rendu d’un projet des architectes Flint sur la droite) voit ses premiers gros chantiers démarrer quai Deschamps. Plus loin le quartier Bastide Niel émerge lentement, les premiers immeubles sortent de terre pour le programme Rivéo (même si les Magasins Généreux de Darwin ont pris du retard), le quai de Queyries se pare de grues. Plus loin, face au pont Chaban Delmas, les ilots à sont débouché dans le quartier Brazza sont également en phase de réalisation, sur la photo en bas à droite un rendu d’immeuble envisagé par Cogedim.

 


Par contre, évoqué il y a 2 ans, le projet de requalification du stade Chaban Delmas a hélas été abandonné faute de courage politique et par manque de moyens, certaines places de Bordeaux (Place André Meunier ou Ravezies) voient leur aménagement en suspens depuis trop d’années déjà, faute de crédits.

Quel bilan tirer de 2017 et de la mise en service de la LGV? La gare a été aussi rénovée (halle monumentale de 1902) et agrandie côté Belcier. Nous voyons que Bordeaux qui était déjà en phase de développement, suite à la mise en service de la LGV Paris-Bordeaux en 2 heures a nettement accéléré les projets.  Ceci notamment en raison de l’attractivité de la ville, nombre de promoteurs, d’entreprises et d’investisseurs privés s’y intéressent, ainsi nous voyons des projets ambitieux et inédits comme la Rue Bordelaise sortir en quelques mois pour 450 millions d’euros, ce qui était impensable il y a 5 ans.

Citons notamment le Musée de la Mer et de la Marine qui va ouvrir en 2018 face à la Cité du Vin (455 000 visiteurs annuels) qui fonctionne au-delà des espérances. Les Halles de Bacalan voisines ouvertes en fin d’année sont même dépassées par leur succès. Le promoteur Fradin qui construit le Musée de la Mer envisage aussi la construction d’un Aquarium près du Parc Eiffel en rive droite avec un concept proche de celui du National Geographic sur New York: immersion et vidéos avec peu de bassins de poissons (hormis pour les espèces menacées à protéger).

         

L’arche asymétrique de la Méca est aussi en chantier, le toit en cours de pose, tandis que le Museum d’Histoire Naturelle en centre ville (projet qui a plusieurs années de retard) va enfin rouvrir ses portes au public dans l’année. Ajoutons à ces équipements des projets de musées privés sur Euratlantique notamment, l’offre culturelle s’étoffe enfin.

 

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Mais Bordeaux est-elle dépassée par son succès? La thrombose routière annoncée depuis 15 ans semble se confirmer sur la rocade complètement saturée. Le préfet a annoncé qu’enfin la portion du pont Mitterrand sera agrandie sur l’emprise d’une piste cyclable qui bloquait une partie de l’ouvrage. La mise en 2×3 voies reste à finir entre les sorties 10 et 4 (travaux en cours entre les sorties 10 et 9, un échangeur aussi a été refait pour le stade sortie 4a). Le rapport Duron sur la politique de l’Etat du 2 février sur les transports semble enfin donner la priorité ce projet.

Le secteur aéroportuaire qui concentre nombre d’emplois est aussi saturé, à tel point que les entreprises ont fait pression sur les élus et obtenu un gros plan d’investissement routier qui n’a que trop tardé. Pour le volet transports l’extension de la ligne A du tram via une nouvelle branche vers l’aéroport est prévue d’ici 2021.

Pour les autres dossiers des transports en commun, les travaux des voies du tram D avancent, les rails commencent à être posés (photo de gauche). Enfin, le dernier projet de la phase 3 du tram bordelaise, l’extension de a ligne C sur Villenave d’Ornon devrait se finaliser fin 2018 (pose d’un pont dédié sur la rocade pour la ligne C étendue).

Le BHNS (bus express en couloir dédié) a par contre vu sa déclaration d’utilité publique suspendue, ce qui prouve qu’un nouveau corridor dans une ville aux rues étroites est conflictuel, surtout ce moyen de transport sera insuffisant par rapport au tram voire à un métro. Quelle stratégie adopter dans ce cas? Le SDODM (phase 4 du tram notamment) qui est une phase 4 des transports, évoquant des lignes radiales et une requalification des boulevards (trac d’une association sur les boulevards ci-dessous) tant attendue (incluant la ligne du pont Chaban vers le Pont Veil en rive droite) semble repoussé aux calendes grecques faute des financements nécessaires. Enfin l’immobilier a connue une importante flambée proche de la surchauffe ce qui pousse à l’étalement urbain. Le pont Simone Veil sera lui multimodal: vélo, TCSP (Bus évolutif en tram), voitures et vélos sur une dalle large de 45m, une vision innovante et combinée des mobilités.

    

Pour cette année 2018, espérons le maintien de projets importants, mais aussi une réelle amélioration des transports et voiries car après avoir mis sous pression les habitants (extension du stationnement payant sans parkings supplémentaires ou transports à la hauteur de la demande), la situation crée des tensions. Espérons une prise de conscience: avant la contrainte, les élus doivent apporter des solutions aux soucis de circulation, ce qui a été l’objet d’un conseil extra-ordinaire de la métropole fin décembre. L’enjeu sera donc de pérenniser cette croissance démographique dans un cadre de vie acceptable.

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La rue Bordelaise, une nouvelle vision de l’Urbanisme sur Bordeaux.

Bonjour.

Après Agora 2017 abordée lors de notre dernier article, l’EPA Bordeaux-Euratlantique a dévoilé un incroyable projet: « La Rue Bordelaise », totalement inattendu, lors du MAPIC 2017 en novembre. Ce projet donc le design architectural a été confié à l’architecte Edouard François, appuyé par le promoteur spécialisé en centres commerciaux Apsys et Vinci via sa filiale ADIM également.

Il s’agit dune immense rue de 300m de long pour 20 de large, sur le modèle de la rue Sainte Catherine. Cet axe bordé de commerces et de bureaux de taille moyenne (l’offre est actuellement insuffisante pour les PME) et de 250 logements en accession notamment) va radicalement transformer la sortie nord de la gare entre les rues Domercq et de Saget. Partant de la gare, il va « perforer » le tissu de hangars décatis et remplacer les parkings (dont celui du Carrefour Market, lui-même relocalisé sur site).

 

La façade quai de Paludate serait également ouverte près du Chateau Descas pour déboucher aux pieds du pont Saint Jean. Il facilitera la continuité des quais vers le quai de Paludate (les aménagements des quais sont actuellement finalisés uniquement jusqu’au quartier Sainte Croix). Ce projet rappelle l’esprit de la Grande Voie(photo de gauche) envisagée au début du XXe siècle de la gare st Jean vers le Grand Théâtre (abandonnée après son embryon qui est la rue de Tauzia actuelle). Il est assez intéressant et étonnant en effet de voir un tel projet notamment une « percée » des quais vers le fleuve. Mais cela est faisable ici, Paludate est en bout de façade des quais, classés, les immeubles en question seraient en partie démontés et leurs façades repositionnées dans l’axe de la rue nouvelle. L’emprise n’était pas démesurée en largeur. Surtout l’architecture des chais bien qu’intéressante est loin de la beauté du reste des quais plus vers l’aval du fleuve.

 

Cela montre une ambition nouvelle à l’opération Euratlantique, et surtout une très bonne nouvelle quant à son potentiel d’attraction et de croissance, en effet 450 millions d’euros sont prévus pour ce projet ce qui est énorme. La façon de faire la ville aussi a évolué: qualité architecturale plus stricte, constructions en pierre bordelaise (ou imitation de qualité), réemploi des hangars préservés ou de leurs matériaux.Surtout ce projet rappelle la Promenade Sainte Catherine, moderne qui réinterprète les codes de l’ancien Bordeaux, mais qui soigne son insertion. L’ilot TriBeQua quartier Armagnac en est un bon exemple.

Cela est encourageant, au regard de la charte architecturale de l’OIN Eurtlantique. Cette charte sera appliquée aussi rive droite. Hélas certains coups partis secteur Armagnac et Quai de Paludate resteront dans le style années 2000/2010 déjà daté avec les façades en clad métallique, de petites ouvertures et une qualité médiocre de finitions. Sur le reste du Quai de Paludate, de beaux immeubles anciens ont été rasés au lieu de garder le RDC et les premiers niveaux avec un immeuble moderne en arrière plan, seul le projet Millésima (et la maison de l’architecte François Guibert associés) a conservé l’ancienne façade dans son programme. mais à terme le périmètre Euratlantique devrait être assez réussi car la charte a été lancée assez en amont de la construction du quartier.

Cela questionne comme nous l’avons vu dans notre dernier mot sur Agora sur la façon de reconstruire la ville sur elle-même. Sur la rive Droite (la Bastide au sens large (Cœur de Bastide, Niel et Brazza). Ce secteur est au centre-ville géographique de Bordeaux. Cœur de Bastide qui est terminé utilise des avenues larges et monumentales, de grands volumes mais des tons assez fidèles à la pierre et la mise en scène en cohérence avec la ville existante (Allées de Serr notamment qui a réutilisé certains immeubles anciens).

Il est regrettable de voir que Bastide Niel a choisi un projet iconoclaste et en rupture totale. L’idée de Winy Maas (MVRDV) de créer une ville centrale, compacte et intime est certes très bonne. Mais la confrontation des grands immeubles en angles biseautés, la rupture des début de perspectives crées avec Cœur de Bastide, sa pire erreur étant de ne pas prolonger au même dimensionnement les allées de Serr ou de crée de grand passage transversal qui manque tant au secteur). Les volumes biseautés, très colorés et la non continuité des rues historiques risquent de créer une rupture brutale notamment rue Abadie, ceci malgré une atténuation obtenue par la mairie qui tardivement a demandé à Bruno Fortier de créer une cohérence entre les projets rive droite. Son modèle est nord-européen, dans des pays de culture collective et respectueuse des espaces partagés, mais en France, les recoins et le manque d’entretien courant peuvent générer de futurs problèmes.

De plus la caserne Niel a de beaux bâtiments restaurés ou a fort potentiel (État major et sa place d’armes notamment), qui hélas vont être dénaturés. Darwin et le projet des Magasins Généreux eux-mêmes vont créer une barre insipide face aux quais (à droite) au lieu du projet initial de maison à 3 pans très réussie de type Indonésien (à gauche). Pourquoi avoir demandé ce changement pour un projet plus laid et moins intégré que l’initial (comme cela s’est fait entre le rendu prometteur et la réalité bâclée de la Cité Municipale)? Enfin cela entraine du rejet des habitants des quartiers existants, le projet étant imposé depuis le haut et se présentant en rupture avec l’existant (la même erreur a été faite avec Mériadeck dont la partie logements a été un échec).

Brazza un peu plus loin aura plus de dégagements, mais idem, son architecture austère et industrielle est décevante, loin de l’ambition du projet de la rue Bordelaise. La mairie ici délègue à des promoteurs l’aménagement d’un secteur à la base peu attractif (inondable et pollué aux industries lourdes) pour ne pas dépenser. Cela est le cas pour le secteur de la Rue Bordelaise aussi, mais au vu de l’attractivité de Bordeaux qui se vend d’elle-même pourquoi ne pas être plus regardant sur l’image que reverra ce quartier, tant qu’il n’est pas construit? Espérons que Bruno Fortier se montre exigeant quant à la qualité des façades et à l’intégration des immeubles dans la ville ancienne. Certains projets ont déjà été modifiés en ce sens, au niveau des tons des façades notamment.

Aux Bassins à Flots, la perspective mise en scène Rue Lucien Faure est réussie, malgré les matériaux de façades décevants des premiers programmes, des ouvertures réduites et surtout une surdensité des logements. Plus récemment, certains promoteurs ont avec détermination réussi à imposer des façades plus claires et qualitatives, et les derniers programmes du quartier dont la prometteuse plaque portuaire vont permettre une réussite partielle du projet. Ici il y a eu une programmation poussée des espaces partagés (sentes et grands axes) qui est pertinente. L’essor spectaculaire (incontrôlable?) du marché immobilier bordelais a formidablement accéléré le projet mais parfois, mieux vaut prendre du temps pour que la qualité soit au rendez-vous.

 

Hors du centre-ville c’est plus anarchique hélas, et le développement de certaines villes est hors de tout contrôle architectural, nombre de belles demeures en pierre avec de grands jardins disparaissent de plus en plus au profit d’immeubles insipides. Autant forcer la construction neuve sur des hangars de supermarchés désaffectés (ou à reconstruire sur site en pied d’un immeuble de logements) semblerait intéressante, autant faudrait-il réguler la construction (la ville de Tours pratique par exemple une charte architecturale). Ci-dessous par exemple face à un chalet assez emblématique, un programme tristement banal va défigurer les lieux, ou plus bas des mélanges improbables de formes et de couleurs. 

Sur Bordeaux donc ce dernier projet de rue Bordelaise semble concilier intelligemment les impératifs économiques et financiers, tout en respectant l’insertion urbaine du projet. Espérons quelques ajustements, comme la suppression des passerelles et des écrans lumineux (sur le rendu à gauche), peu respectueux de l’identité de la ville, surtout que ce projet sera un centre commercial. Mais le réalisme économique permet ici de financer une restructuration majeure d’un site central, inexploité avec un projet de qualité tout en améliorant la liaison d’Euratlantique avec la ville historique (jusque là le projet se concentrait de l’autre côté des voies TGV). Sur l’autre rendu, nous voyons l’application de la charte architecturale: conservation des façades remarquables, formes et couleurs bordelaises (pierre blonde).

 

Au débouché du projet, un immeuble très travaillé servira de cité du sport et du bien être, accompagné de discothèques. Cela va permettre de déplacer le trafic de cet échangeur au gabarit autoroutier (déporté sous le pont du TGV). Le projet pour conclure est astucieux, le tram C le dessert, le quartier est central, près de la gare des quais et du pont Saint Jean. Les travaux sont prévus pour se terminer vers 2023/2024, espérons qu’il se fasse rapidement.

 

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