Quels progrès pour la place du végétal dans la ville?

Bonjour.

A l’approche des 10 ans de ce blog, Nous avons décidé de faire le point sur l’amélioration du cadre de vie, notamment végétal de Bordeaux. Revenant à notre article de 2016 sur la critique envers minéralité des places de Bordeaux, nous avons décidé de faire l’inventaire de ce qui a été réellement fait, de ce qui est prévu avant de terminer par nos suggestions.

Ci dessous un rendu (fictif) réalisé par William Boy que nous remercions, de notre vision de la rue Georges Bonnac optimisée, par la création d’une contre allée plantée et d’une terrase. Mélangeant une réorganisation des flux à une végétalisation d’une artère assez austère.

C’est aussi l’occasion d’actualiser notre dossier de 2015 sur comment Bordeaux a radicalement transformé son image tout en rendant hommage et justice aux auteurs de ces changements. En effet, depuis quelques années, nous déplorons un « bashing » de ce qui a été fait ces dernières années, après une période d’encensement, nous subissons des critiques amplifiées par l’alternance électorale. Ainsi nous proposons de mettre les discours à l’épreuve des faits (et des réalisations effectives). Vue d’ensemble de la ville de Philippe Caumes.

Tout d’abord avant 1995 sous l’ancien Maire Chaban Delmas et des élus métropoloitains, la ville a connu un développement spectaculaire, comme partout ailleurs. Sur le plateau de la rive droite, hélas nombre de domaines, de chartreuses et de multiples chateaux ont été défigurés par les ZUP et les cités (ci-dessous le Chateau du Prince Noir en 1950, sauvé de justesse de la démolition, et désormais accolé à la rocade du pont d’Aquitaine). En parallèle de la création de la Rocade sur Mérignac, Pessac, Talence et Bègles notamment, les activitiés industrielles, les zones pavillonnaires ont pris une place considérable. Cela nous vaut notamment les soucis de transports et de congestion actuels faute d’un développement coordonné, et lié à l’inachèvement de nombre de routes après 1975 et le choc pétrolier.

En contre-partie, le secteur du lac marécageux et inondable a été assaini, par le creusement du lac et la préservation d’espaces naturels immenses. Enfin cela a été la tendance partout en France, les infrastructures massives ne se souciaient pas des paysages et des constructions existantes lors de leur planification. Cela a commencé peu à peu à évoluer. En centre-ville, le secteur sauvegardé a été créé en parallèle de la démolition sur plusieurs hectares du vieux quartier Mériadeck, dont nous regrettons la disparition de son emblématique place arborée et animée. Ici en arrière plan près des premiers immeubles rue du Chateau D’eau et de la Poste, nous voyons l’ancienne place face à la mairie, une photo en couleur très rare de la phase de transition, années 1960 probablement.

Quid ensuite en 1995? Le maire nouvellement élu Alain Juppé hérite d’une ville sombre, sale et en déclin. Surtout une ville que nous mêmes avons connu était assez enfermée dans son hyper-centre, isolée des quais et de la rive droite qui était un no man’s land de friches industrielles. Le premier hommage que nous souhaitons rendre s’adresse aux paysagistes Michel Corajoud et Dominique Perrault. les photos plus bas sont prises à quelques années d’intervalle au même endroit!

En effet l’immense pari de l’équipe municipale à ce stade (déjà engagé sous le mandat précédent) a été de décider de « jardiner les quais » au lieu de les bétonner (contrairement aux premières idées envisagées). Notre passion et ce blog notamment sont apparues en arpentant ces quais au fil de leur spectaculaire transformation sur environ 10 ans, le tout en parallèle du chantier des 3 premières lignes de tram. Ci-dessous l’actuel parc des Berges st Michel alors industriel, et ensuite le projet avorté de Ricardo Bofill (sous Chaban), abandonné qui visait à construire la rive droite jusqu’au fleuve, à droite le parc des Berges actuel qui améliore aussi la gestion des crues en protégeant les habitations.

Vue de l’ensemble des quais sur Bordeaux Vue du Ciel, la photo date des années 2010 environ. On y voit l’immense Jardin Botanique (Françoise-Hélène Jourda-Raymond Sarti) également au premier plan, gagné sur d’anciens rails et hangars désaffectés.

A l’époque, suite à des travaux titanesques, nombres de hangars en ruine, d’immeubles et de friches sont devenues une promenade plebiscitée, l’autoroute des quais à 6/8 voies par endroit est redevenue un boulevard urbain. Coté changements, la façade des quais rive gauche a été plantée de jardins (Jardins des lumières) autour du mirroir d’eau, de prairies (des Girondins). Des esplanades aborées comme minérales ont pris place face au fleuve et ne désemplissent pas aux beaux jours. Ci-dessous l’actuel parc des Sports st Michel et le mirroir d’eau sur un ancien hangar et des parkings.

En face, près de l’ex-gare d’Orléans malmenée par le temps, devenue depuis un cinéma, le quai des Queyries était sinistre, il est devenu une façade végétale avec l’immense parc aux angéliques, étendu ensuite jusqu’au pont Chaban Delmas d’une part et vers le pont st Jean de l’autre côté. Le Jardin botanique fait également partie des réalisations remarquables du quartier alors très minéral de friches ferroviaires. Cette opération appelée Coeur de Bastide par Bordeaux Métropole Aménagement sur cette vidéo a eu le mérite de créer de larges espaces verts et des immeubles assez espacés également, même si la gestion de la densité n’est pas optimale (étalement urbain), en cadre de vie, le lieu est apprécié. La vue de 1991 montre le nombre d’entrepôts, les rails et l’absence de toute plantation face au fleuve, la rue Niel à droite était assez sinistre également, elle est actuellement en travaux. Face aux quais un immense parc a pris la place de la route (reculée) et des installations en ruine du passé.

 

Au Nord, on a hélas vu nombre de sites maraichers, sur Bruges notamment disparaitre, mais en parallèle, les zones en friches autour du lac de Bordeaux créé dans les années 1960 sont devenues l’éco-quartier du Lac Ginko. Bien que très critiqué, surtout en raison de ses phases 2 et 3 assez denses, ce secteur a été fortement végétalisé et par effet d’entrainement permet de planter les Allées de Boutaut (suite à la suppression de l’autopont de Cracovie). Sur les photos de du compte instagram Bordeaux_chantiers récentes, nous voyons que l’eau et la nature se sont très vite développées en 10 ans. Malgré quelques soucis pas anticipés, comme les nuisances liées aux moustiques, quelle gestion d’autant plus qu’avec le réchauffement climatique, des espèces invasives comme le Moustique Tigre et le Frelon asiatique posent question. Fait-il accoller la nature si près des logements?

Plus proche du fleuve, l’un des gros ilots de chaleur de la ville est en cours de plantation, autour de la promenade des Bassins à Flots. Il suffit de comparer le choc visuel du boulevard Lucien Faure avant/après (ci-dessous en 2008 puis en 2021), devenu apaisé, arboré, bordé d’activités et de logements. Il y a également les sentes entre les programmes immobiliers terminés. Le quartier a plusieurs secteurs: rue Lucien Faure avec une maitrise foncière qui avait été anticipée (et de par l’abandon de l’école rue de la Faiencerie en raison de sous sol pollué), on aura donc ici plus de parcs et d’espaces libres. Le secteur nord des bassins est très (trop) dense, la tentative de ZAC des années 2000, n’ayant pas eu les financements, un PAE a été lancé pour limiter la casse.

Le moins réussi en termes de parcs et de places publics, concerne les rues de Gironde, de New York, des Etrangers et Blanqui car ces zones sont trop denses. Un parc reste malgré tout prévu derrière la Base Sous Marine et la mairie actuelle étudie des possibilités de plantation sur le toit. Surtout ici le port a trainé (pour des raisons financières et politiques) dans l’aménagement de la plaque portuaire, mais désormais la végétalisation va s’amplifier. Pour le coup, la nouvelle majorité a une idée prometteuse de créer un corridor végétal continu vers le lac, probablement sur l’emprise de l’avenue des Français Libres.

 

En face quartier de Brazza, là aussi un PAE a été mis en place faute de maitrise foncière. Le quartier semble en apparence assez dense et les immeubles très proches les uns des autres par endroits. Mais les rendus et les plans laissent aussi entrevoir de la végétation, dans une forêt de peupliers notamment face au pont levant ou encore au bord de la voie ferrée presque inutilisée devenue la Brazzaligne… Les Allées de Brazza et leurs lanières parallèles vont aussi permettre de traverser le quartier de manière apaisée. Cependant pour le coup, l’idée de renforcer la végétalisation est nécessaire.

Bastide Niel est le quartier voisin en ZAC, la nouvelle mairie de Pierre Hurmic a amplifié la végétalisation du quartier. Il faut dire que le quartier se veut un mini-centre ville assez compact avec des jardins de poche, ils vont aussi préserver la place d’armes, même si nous aurions par exemple souhaité prolonger les Allées de Serr transformées en une coulée verte (comme à Sceaux près de Paris). Le plan guide a créé des constructions en continu hélas au lieu de les prolonger pour d’éventuels transports futurs.

Plus loin le secteur Benauge Joliot Curie connait 2 immenses zones de chantier: la cité de la Benauge dont le Parc Pinçon existant sera étendu, tandis que les terrains libérés par certaines démolitions (barre D et ancien collège) vont permettre un meilleur maillage et une aération du quartier.

Garonne Eiffel, à la frontière de Floirac est un autre gros dossier, déjà le quais Deschamps est devenu un parc sous la tutelle des paysagistes Cribier-Ecoutin. La tête de pont Saint Jean qui était un échangeur autoroutier avec des arbres et un talus devient le quartier du Bélvédère. En compensation de très nombreuses plantations entourent l’Allée des Abeilles et remplacent d’anciennes friches industrielles. Le tout sera agrémenté du parc Eiffel derrière le pont TGV, tandis que les berges du quai de la Souys à Floirac vont rattraper le futur pont Simone Veil à terme. Ce parc permet de transformer des friches artificialisées et polluées tout en servant de réservoir en cas de crues.

Coté rive gauche, la ZAC Saint Jean Belcier a justement, malgré les critiques infondées de bétonnage, a transformé l’un des pires ilots de chaleur (rue des Maraichers/Carle Vernet), en parc urbain. La surface initiale assez limitée a au final été largement agrandie. Pour l’instant ce qui concentre les critiques des riverains et opposants à l’OIN Euratlantique est que l’on voit des chantiers d’immeubles et de voiries, sur un temps court. Il faut penser à long terme, après des années de préparation, d’études et surtout de rachat de foncier, le jardin est en cours d’aménagement. La dépollution et le terrassement du Jardin de l’Ars réalisés, la phase de plantations a débuté, ci-dessous une visualisation du futur parc.

Le projet aurait pu démarrer dès 2015 de Base paysagistes. Au final il a été totalement revu par l’équipe OLM. Le parc des marées initial a été abandonné suite au renforcement du PPRI (plan anti-crues), surtout il était au départ minéral, la version finalisée sera bien plus verte et ponctuée de zones humides. Ici il est important de noter que faire un parc est complexe et représente un budget important, par exemple les dépollutions, désamiantages et démolitions des hangars industriels et commerciaux pré-existants. A chaque nouvelle opportunité, l’OIN créée des espaces naturels, par exemple Armagnac Sud, ceci sur le gain de surface lié à une plus grande hauteur des constructions environnantes (tour Hypérion réalisée et tour Silva à venir).

Autant sur Bastide Niel, la nouvelle mairie a montré une approche constructive, autant nous regrettons que le maire tente de bloquer les projets Amédée Nord et Sud. Tous les coups partis avant l’élection ne peuvent (heureusement) être interrompus, il reste donc le secteurs Gattebourse et Amédée aux mains de la SNCF, et le MIN aux mains de la métropole. Ce dernier sera optimisé sur site, ouvert sur la ville. Le projet Gattebourse devrait ouvrir le jardin de l’Ars étendu sur les boulevards vers Bègles. Hélas Amédée Nord et Sud, bien que perfectibles semblent faire les frais desous la pression des riverains hors ZAC (quartier du sacré coeur), au lieu de négocier un compromis comme proposé par l’EPA. Sur la photo nous voyons bien un lieu de friches, un ilot de chaleur et un foncier disponible pour du logement. Sur le rendu plus bas de la zone centre, la preuve que le quartier sera intégré avec des parcs et des espaces verts malgré de fausses accusations.

Il se trouve que l’on manque cruellement de logements (sociaux notamment) et de parcs dans le secteur. Or créer  un parc implique la relocalisation des activités: ferroviaires, économiques, l’achat du foncier et la dépollution, ce qui visiblement n’est pas intégré dans leur approche sur ce quartier précis? Le terrains appartenant à la SNCF (donc l’Etat) espérons que le bras de fer à venir se fasse en faveur d’un aménagement de cette friche, car supprimer les 48000m2 de bâti au sud et 18000m2 au nord, la rénovation de barres vétustes de logements ICF, implique paradoxalement l’abandon d’un espace vert sur cette zone, car il est peu probable que la SNCF cède ses terrains gracieusement, ou que la mairie augmente les impôts pour les racheter. Surtout cela est un non sens total, ne pas contrsuire de logements sociaux essentiellement dans un quartier sous les 6% empirera l’étalement en périphérie sur des terrains naturels ou agricoles…

Ci dessous le désir des riverains, face aux compromis réalistes et possibles, financièrement comme logistiquement parlant, rappelons que ces terrains SNCF sont en bord de voie ferrée centenaire, le bon sens voudrait donc qu’ils soient prioritaires ici pour se loger sur place et travailler dans des locaux rénovés.

Pour ce secteur, notons que le travail de désatrificialisation des sols a été lancé depuis plus de 10 ans sous l’équipe qui a lancé l’OIN (Alain Juppé pour Bordeaux, Vincent Feltesse pour la métropole, et les maires de Bègles et de Floirac). L’OIN a fait un énorme travail et il est bien visible dans les secteurs finalisés: Armagnac Nord, gare, et quai de Paludate. Surtout un immense travail est engagé dès cet été: transformer les berges depuis le pont st Jean jusqu’au pont Simone Veil (puis vers le pont Mitterrand à très long terme). On a attendu très longtemps, entre les études, le déclassement de l’autroute des quais, mais nous allons enfin voir cette transformation à l’oeuvre.

 

La rue Bordelaise aussi va accélérer la transformation de l’échangeur du pont Saint Jean (à demi supprimé), en parc face au chateau Descas. Cette opération bien que critiquée se fera heursement, surtout qu’elle finance aussi les travaux du parc Descas. Pour celle-ci, la nouvelle mairie a montré une approche constructuive (ils ne pouvaient de toutes façaons bloquer le projet fort heureusement), ils ont donc travaillé le contenu du parc, et demandé que sa réalisation soit finie d’ici 2024.

En centre-ville, le coeur est très étroit et fait de ruelles minérales, et combien ont été rendues aux piétons (rue du Pas st Georges ci-dessous avant et après rénovation), combien d’arbres et de massifs ont été plantés? Cours du Chapeau Rouge on avait une voie rapide, place Jean Jaurès un parking, tout comme sur le mirroir d’eau. Toutes les placettes, St Pierre, st Projet, Camille Julian, ste Colombe, Nansouty ont été agrémentées de plantations. La nouvelle mairie va même renforcer le nombre d’arbres place Pey Berland souvent critiquée car trop minérale. C’est déjà fait place st Projet, une initiative à laquelle ici nous adhérons.

Ci-dessousn voici en rouge le plan des arbres qui sont en cours d’installation place Pey Berland et ensuite un exemple de Micro-forêt rue Billaudel. Plusieurs forêts de ce type devraient voir le jour en ville. A droite la place Nansouty devenue en partie piétonne lors de la réalisation d’un immense réservoir souterrrain pour éviter les inondations.

Parmi les places disparues, notons l’ancienne place Mériadeck dans les années 1960/70 et le square André Lhote qui a été lié à la construction de la Cité Municipale, cependant, la place voisine devant le musée a été végétalisée, tout comme la rue st Sernin (photo aérienne en bas). Le square des commandos comme la rue du Chateau d’Eau face aux tours Allianz ont perdu des arbres, mais le but était de sécuriser les accès et de permettre aux mobilités réduites d’accéder à l’esplanade Charles de Gaulle (à gauche dans les années 1980). Ici nous regrettons terriblement que l’idée géniale de Flint architectes d’abaisser le Jardin Charles de Gaulle au niveau de la rue en supprimant le tunnel ait été avortée, faute de budget surtout. Car le récente Mériadeck a un immense parc méconnu et peu accessible entre ses immeubles.

 

Plus récemment en hyper centre, la place Tourny a été refaite, il est vrai restant très minérale comme celle de la Victoire, mais dans les 2 cas, il y a des réseaux et ce sont des noeuds stratégiques, visibles sur les 3 photos ci-dessous. La place Paul Doumer a été refaite plus loin, de même que les grands axes longeant le tram D (rue Fondaudège). Le chantier du BHNS vers Caudéran va aussi permettre la rénovation de certains Cours du centre ville.

Il existe tant de places comme André Meunier, la place Dormoy qui vont être ou ont été rénovées. Il est vrai que la place st Michel est restée trop minérale sur la première photo (comme celle des Capucins). Un travail de squares plantés (le square vinet par exemple), la Promenade Sainte Catherine, le Jardin des Faures ou la rue Kléber tentent d’atténuer les ilots de chaleur en été. Les micro forêts Mirawaki sont un concept importé du Japon qui sont l’un des pilliers du programme Bordeaux Grandeur Nature du nouveau maire. L’idée est louable, après est-il préférable d’avoir une micro forêt écologique, ou un square planté avec par exemple une aire de jeux d’enfants? Un équilibre doit être trouvé, pas simple vu la compacité du centre ancien.

L’emblématique place Gambetta a posé de gros soucis, sa rénovation a trop attendu, et l’acceptabilité au changement a été réduite, il y a eu une forte opposition à sa rénovation, 17 marronniers anciens ont été coupés, le mini lac a été supprimé. Mais ces critiques occultent aussi que le côté Est de la Place est devenu presque piéton, que le jardin a été agrandi, de nombreux arbres plantés. Il faut juste attendre qu’ils se développent. Si elle avait été refaite avec le reste du quartier en 2000, cela aurait posé moins de soucis, mais en même temps, pouvait-on supprimer en 2000 la majorité des voies circulées comme en 2021, cela nous parait peu probable.

Quid pour l’avenir? Que souhaitons-nous? La bonne nouvelle est que les projets engagés sont très ambitieux, dans 10 ans le projet Bordeaux 2030 d’Alain Juppé, complété par Bordeaux Grandeur Nature de Pierre Hurmic auront largement renforcé la surface plantée de la ville. A Bègles on aura la suite du projet Euratlantique, Bègles Garonne qui reconquérira les berges industrielles sur la gauche de cette vue aérienne. En face il y aura un bois au débouché du pont Veil sur Floirac (le chantier des piles dans le fleuve ayant effectivement débuté en avril 2021).

Sur les plateaux de la rive droite, l’ANRU qui a démoli/reconstruit des pans entiers de ville, cela a aussi permis de reconstituer une armature commune: le magnifique parc des Coteaux qui restaure aussi la grandeur passée des multiples chateaux en rive droite. A Mérignac, secteurs avenue de la Marne et sur la zone commerciale de Mérignac Soleil, l’autopont disparu depuis 10 ans, le parking de Carrefour a été restructuré en silos, et le monopoly des surfaces commerciales est spectaculaire. On passe d’une zone de « boites à chaussures » et très bétonnée, à un parc habité, planté, les enseignes se regroupant dans des immeubles neufs sur plusieurs étages en bord de rocade. Le président de la Métropole, maire de Mérignac Alain Anziani coordonne ce projet, malgré quelques ratés de la ville dans les années 2000, par exemple en coupant les arbres centenaires du centre ville, elle les a replantés depuis.

 

Nous aimerions voir la ville de Bordeaux, plus que de bloquer Amédée nord et Sud, se concentrer aussi sur l’une des zones les plus arides et ingrates de la ville: la place de Latule, la place Ravezies, le boulevard Aliénor et le secteur dit Alfred Daney. Pour le coup, le modèle de Mérignac Soleil prouve qu’un changement est possible ici, c’est même une source de foncier pour créer des logements, une continuité de parcs également car Auchan Lac aurait tendance à se lancer dans l’immobilier et à restructurer son site, pour aussi compenser la baisse de fréquentation des hyper-marchés. Si comme prévu le traffic routier est dévié par l’Avenue de Larroque prolongée vers le boulevard Aliénor d’Aquitaine sur le plan de droite, il faudra repenser en profondeur la place de Latule et son autopont provisoire depuis les années 1970 toujours en service!

En ville aussi, il y a les Boulevards, chantier compliqué et immense, en effet, une partie entre le secteur de la barrière Judaique à la barrière du Médoc, et plus loin  le secteur de la barrière d’Ornano jusqu’à la Route de Toulouse, est très étroite, les arbres ont disparu depuis longtemps. Comment concilier bus, vélos, voitures (que l’on ne peut supprimer car elles représentent la majorité des trajets), et plantations? Plus au nord, à partir du Grand Parc, le boulevard large peut être embelli et arboré, au sud, nous proposons une contre allée gagnée sur les hangars en friche et l’habitat délabré, faute de pouvoir remplacer les platanes centenaires (qui pourtant s’ils étaient remplacés permettraient un passage pour tous les modes, ainsi qu’un meilleur couvert végétal). N’oublions pas la boucle en rive droite des boulevards en développement. Le quai des Queryies et celui de Brazza ou le quai Deschamps seront plantés prochainement nous le souhaitons (comme devant la caserne Niel et le siège de SudOuest), l’Aurba a lancé une étude sur le sujet.

En ville, il reste nombre d’axes à requalifier, nous avons tenté avec William Boy que nous remercions de modéliser la rue Bonnac pour la planter sur l’idée de Flint, en créant une terrasse exposée au sud et une contre-allée, une vision flexible, futuriste mais espérons-le qui se conrétisera un jour! Nous allons essayer de proposer des rendus réalistes dans la mesure du possible pour aider les élus et les habitants à visualiser le potentiel négligé/oublié de la ville, alors que parfois, des aménagements légers et flexibles (réversibles) peuvent grandement améliorer le cadre paysager de la ville.

Pour conclure, un immense travail a été fait par tant d’architectes et de paysagistes, dont hélas nous n’avons pas forcément tous les noms, et cet article leur est dédié, car en effet certains élus ont été visionnaires en la matière. Parfois injustement critiqués pour le bétonnage de la ville, en réalité bien conseillés par ces paysagistes, ils ont initié le retour de la nature à Bordeaux. Cet aspect semble évident aujourd’hui, beaucoup diront que pas assez d’efforts ont été faits, mais remettons les choses en 1995 notamment, parler d’environnement n’était pas une évidence, la voiture était reine.

La mairie actuelle envisage de renforcer le couvert végétal de la ville (ci-dessus futurs arbres place Pey Berland), ce qui en soi est une bonne chose, mais espérons qu’elle se montre aussi réaliste, en autorisant de construire plus haut, sur des friches industrielles et commerciales (rue Amédée Saint Germain notamment), sans quoi l’étalement urbain empirera en périphérie. Nous espérons aussi que comme la ville de Mérignac l’a compris, les élus de Bordeaux se penchent urgemment sur la transformation du quartier Nord et du Lac, (zone Auchan et Alfred Daney) car pour le coup, là il y a non seulement un réel potentiel, mais surtout urgence à requalifier ces ilots de chaleur!

 

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