10 ans de bordavenir.fr ! Des projets aux réalisations, où en est-on?

Bonjour.

Bordavenir.fr fête ses 10 ans d’existence comme nous l’avons annoncé il y a peu sur l’accueil principal du site. Merci à tous et à toutes pour votre soutien et votre fidélité.

En attendant de trouver le temps de remanier les menus et l’interface, nous voulons saisir l’opportunité de faire un inventaire. 10 ans c’est à la fois peu et énorme. Bordeaux a connu une stabilité politique pendant près de 25 ans, et un changement majeur a eu lieu  en 2020. Surtout la ville a eu la continuité d’un projet urbain ambitieux et mené à bien, malgré aussi quelques ratés et retards. Ce sera l’occasion de comparer les rendus à la réalité de ce qui a été fait depuis 2011. Ci-dessous, comparaison du projet du pont levant Bacalan Bastide en 2008 devenu ensuite pont Chaban Delmas, probablement le plus imposant et le plus beau des projets que nous avons vu sortir de terre en 10 ans.

 

Pour cette rétrospective, commençons en suivant le plan initial du site par Bordeaux Centre historique et Mériadeck, dont nous avions retracé l’évolution historique jusqu’aux années 2010. La rénovation de Bordeaux centre, entammée par les quartiers St Pierre et des Chartrons sous Chaban Delmas a été accélérée de manière spectaculaire lors de la construction du tram et du ravalement total de l’ensemble des quais de la ville. Après 2010, la rénovation s’est poursuivie, et presque toutes les grandes places (et petites) du centre ancien ont été refaites, pour beaucoup devenues piétonnes. Notons aussi la Promenade Sainte Catherine (ci-dessous) sur l’ex-ilot Sud Ouest couplée au lycée de Cheverus remanié, qui est un exemple parmi tant de reconstruction de la ville sur la ville. La place Saint Michel a aussi été rénovée, jugée trop minérale, sans parler du souci de l’insécurité non réglé, espérons que cela évolue favorablement dans les prochaines années.

Il a été reproché souvent un manque de végétalisation, mais depuis 2020, la nouvelle mairie plante des arbres et des massifs sur les places rénovées en 2000, comme sur les places Pey Berland et st Projet. Le chantier le plus technique a été celui la place Tourny (très encombrée en réseaux) avec le passage du tram D et la place Gambetta, dont la transformation du jardin a généré de vives oppositions, depuis cependant la nouvelle place a amélioré la gestion des flux circulés et est plebistcitée.

A Mériadeck, on a eu une phase assez importante de nouveaux immeubles et de rénovations: tour de la CUB 2, immeuble de Bouygues, rénovation d’anciens bureaux, agrandissement du Conseil Généréal, on le voit les rénovations se sont faites surtout cours du Maréchal Juin, et continuent par ailleurs par de petites opérations. La Cité Municipale qui a proviqué la disparition de la Croix du Mail (immeuble en croix typique du quartier) et du square André Lhote a fait couler beaucoup d’encre. Avec (un peu) de recul qu’en dire? Le design initial n’a hélas pas été respecté, et la façade noire de métal au lieu de vitres, les angles droits au lieu des arrondis prévus, ou encore le manque de transparence de la partie haute ont été une grande déception, ceci lié aux surcoûts de chantier.

Surtout la suppression du tunnel prévue à la base dans la magnifique étude de Flint a été mise en suspens. Il y a eu cependant quelques bons éléments: création d’une place face au musée des beaux Arts (avec la remise en place de la fontaine vestige du quartier historique), semi piétonnisation de la rue Bonnier, rénovation (prévue) du centre Commercial les Passages (ilot Bonnac) qui assure une belle transition entre ville ancienne et nouvelle, aussi avec la rue st Sernin réduite pour laisser place aux terrasses.

Nombre d’immeubles ont été totalement rénovés intérieurment: Préfecture, tour de la Cub (décevante car finie au rabais), Poste centrale, Tours Allianz transformées en hôtel. Espérons que l’ilot nord qui est le plus ancien et oppressant soit embelli: tour 2000 sous utilisée, tour de Sèze, Jardins de Gambetta, parkings assez laids face à la rue Georges Bonnac. Les derniers hangars et garages sont remplacés par des projets de qualité comme l’ilot Eterna. Nous avons d’ailleurs élaboré avec Willam Boy des rendus pour suggérer une semi piétonnisation de la 4 voies surdimensionnée.

Espérons que le jardin Charles de Gaulle soit embelli, ansi que le centre commercial. L’ex Caisse d’Epargne semble ne pas avancer dans son projet de rénovation. Ailleurs de belles rénovations comme la Villa d’Albret (anciens bureaux) prouve que restructurer et changer les façades de vieux immeubles a un magnifique potentiel. Pour la dalle, elle est si dégradée par endroits et inaccessible que nous espérons un jour que la mairie se réveille pour soit la démolir partiellement (vers l’hôtel de Région vu son état), soit de créer des accès ailleurs. Après des formes assez disparates sur la tour Cub 2 à gauche, on a un retour à des projets mieux intégrés à l’architecture bordelaise avec Eterna à droite.

 

Pour le vieux centre ville du secteur sauvegardé, un souci inattendu et sous-estimé de la vétusté de certains anciens immeubles du centre-ville a fait récemment la une des journaux. Dans les années 1980-2000 avec la loi Malraux, beaucoup ont été démolis (hormis les façades) et rénovés, en détruisant hélas parfois de magniques escaliers et intérieurs. Mais après la rénovation réussie de st Pierre, st Paul et st Eloi, celle de St Michel et des secteurs adjacents s’avère plus délicate, en effet, il y a eu plusieurs effonfrements liés aux chantiers de rénovation et à la vétusté d’ilots insalubres, il y a donc urgence à agir (sans parler de l’insécurité croissante). Ci-dessous la rue médiévale de la Rousselle qui après l’effondrement soudain de 2 immeubles a les bâtiments voisins en arrêté de péril imminent, et il y a aussi des immeubles menacé aussi sont situés dans les rues Planterose et de Lalande.

Plus au nord des Chartrons, il reste quelques cours majeurs (Cours du Médoc, Cours st Louis et Edouard Vaillant par exemple) à rénover. Au sud, ceux de la Marne (très délabré après l’abandon de sa rénovation début 2000), et Aristide Briand (celui-ci a déjà entammé sa mue), vont être rénovés, notamment citons l’immense Rue Bordelaise qui va permettre de boucler la rénovation des quais sur le tronçon restant des quais historiques.

La rue bordelaise nous amène donc sur le périmètre de l’OIN Bordeaux Euratlantique qui a le même age que ce blog. Au début l’étude TGT parlait de créer un parc et de créer un quartier d’affaires sur les friches ferroviaires près de la gare de Bordeaux et sur le secteur Brienne, d’élargir la rue de Saget et de doubler l’entrée de la gare côté Belcier tout en transformant aussi les ateliers Amédée st Germain et Armagnac en bureaux et logements. Ci-dessous le projet de Reichen lancé en 2010 et la réalité en 2021.

Nous pouvons dire qu’une grande partie du contrat a été remplie. Même si le démarrage a été trop lent, le projet initial pas assez ambitieux ni harmonieux coté architectural, il a posé des bases (légales et administratives, maitrise foncière) que l’équipe suivante avec l’arrivée de la LGV a considérablement amélioré. Avant la ZAC sur Belcier, la démolition/reconstruction de la cité St Jean, qui a amélioré l’existant aurait pu être mieux réussie, plus ambitieuse, sans parler de la barre d’immeubles face à la gare historique qui gâche la perspective. La rue Domercq aussi secteur du pont du Guit, la rénovation du parvis de la gare (qui espérons-le ne sera pas bloquée pour connecter le quartier Amédée Nord à la gare) sont à terminer. L’ilot Santé Navale a hélas perdu sa place d’armes, mais cela a permis de créer un passage vers la place André Meunier elle aussi rénovée. La rue Bordelaise va permettre de supprimer l’hideux échangeur du pont st Jean en rive gauche, et de créer une rambla monumentale vers les quais devenus parcs d’ici 5 ans environ.

Coté Amédée, alors qu’il devait concentrer le quartier d’affaires, le chantier a été fortement retardé, le projet totalement repris, et si le secteur centre est en phase de gros oeuvre, les ilots nord et sud sont hélas dans le collimateur de la nouvelle mairie et de riverains opposés à toute transformation de fciches polluées alors que cela permettrait une continuité avec la ville ancienne.

Coté Armagnac, l’ilot test est fini, avec quelques étrangetés architecturales mais il reste globalement réussi. En face le macro lot quai 8.2 a des façades assez anarchroniques, mais cela a été corrigé par les bâtiments plus récents, surtout un parc sera créé derrière, avec des immeubles en partie en bois (la tour Hypérion qui mesure 50m vient d’être livrée, le chantier de la seconde tour en bois Silva débute). Le pont Amédé-Armagnac devenu pont de la Palombe est posé et prêt à ouvrir, il va révolutionner les liens des 2 rives du fleuve de fer. Le quartier d’affaires dans les faits s’est finalement localisé secteur Armagnac et sur les quais de Paludate et de Brienne. L’immense Jardin de l’Ars est désormais en aménagement, les immeubles sur son coté nord étant livrés.

Le pont TGV Garonne en 4 voies (avec la fin du bouchon ferroviaire rive droite) connecté à la LGV directe Paris-Bordeaux en 2H sont devenus réalité. La Halle Belcier aussi est une réussite avec son parvis, malgré le design discutable du parking silo sur son toit qui exhibe les voitures face au quartier ancien, à nos yeux une erreur… La couverture des voies ferrées et la double halle évoquées avant 2010 sont une potentielle phase 2 pas encore envisagée, à voir si la LGV vers Toulouse (puis Bilbao) arrive à se faire un jour, là encore un projet trop retardé. Pour la gare historiques, sa magnifique verrière est totalement refaite.

 

Sur les quais, la passerelle Eiffel a été restaurée en attendant de lui trouver un usage. La Méca est une réussite et très fidèle aux rendus initiaux, la halle Boca (Debat Ponsan) des anciens abattoirs est devenue un lieu de vie, le contraste est impressionnant, le tout mis en valeur par la Méca. Malgré quelques immeubles qui cachent la vue du fleuve, le quai de Paludate commence à évoluer, ne restent aussi que les discothèques les plus emblématiques qui vont se restructurer sur site. L’ilot Vinci et celui de la compagnie Fiduciaire ne s’insère hélas pas du tout dans le quartier. Mais les chantiers plus récents et à venir comme l’ilot Guyart vont corriger cette erreur, tout comme cela se fait sur l’ilot Cosa par exemple ou l’immeuble Tribequa.

La piscine se fera (trop) en retard via un porteur privé du projet (UCPA) et surtout l’aménagement des berges tant attendu a enfin débuté. Plus au sud, le secteur aval du Jardin de l’Ars est bien avancé (excepté le projet Lumi bloqué dans un imbroglio juridique). Le Jardin en lui même a gagné plusieurs hectares et son chantier est en cours, tandis que l’ilot Brienne verra un projet assez spectaculaire se réaliser d’ici quelques années? Reste aussi à revaloriser la cité Vernet ainsi que le quartier Gattebourse, des barres d’immeubles vétustes et peu esthétiques seront démolies pour ouvrir le quartier vers Bègles, le MIN devrait aussi se restructurer sur site. Entre les photos ci-dessous, nombre de hangars et de vieux immeubles ont disparu depuis.

De l’autre côté du Boulevard Jean-Jacques Bosc, il y a nombre de hangars et entrepôts de faible qualité, espérons que le secteur Bègles Garonne connaisse un jour une rénovation. La Cité Numérique (ancien centre de tri postal de Bègles) fonctionne malgré de nombreux retards. La cité Yves Farges rénovée au rabais lors du chantier du tram C reste à nos yeux un raté: insécurité, trop de minéralité et pas de vraie ambition. Ailleurs l’ancienne papèterie et le quai Wilson méritent une rénovation ambitieuse, prenant en compte le risque inondation.

Rive droite, le chantier du quartier du Bélvédère est enfin en cours, c’est un projet magnifique, qui réussit bien mieux que Brazza, Niel, les Bassins à Flots ou Belcier à tourner la ville vers le fleuve en mettant en scène l’entrée de ville par le pont st Jean rénové. L’échangeur autoroutier du Boulevard Joliot Curie va disparaitre et devenir une place monumentale. Le quai Deschamps est en rénovation, un parc commence à se déployer du fleuve vers l’arrière du quartier. Plus haut vers le quartier de la Benauge, la vide laissé par barre D enfin démolie va permettre (avec des nouveaux passages sous les voies du TGV) d’insérer un axe de transports vers Floirac. Coté Floirac, le parc Eiffel sera réalisé sur d’anciennes friches. Nombre de petits projets sont déjà livrés, la cité Libération a été démolie et reconstruite. La ZAC des quais est ponctuée par l’Arena et la clinique du Tondu qui y a finalement pris place (sont ancien terrain à Brienne devenant un collège).

 

Le seul grand retard restant le pont Simone Veil, mais dont les fondations des piles ont débuté (jusqu’en 2022) pour ensuite poser la charpente métallique (déjà prête) pour espérer une ouverture en 2024. Euratlantique sera finalisé en 2030, hormis la zone de Bègles, et déjà la transformation est visible. Logiquement la phase de gros oeuvre et de construction des immeubles est critiquée, mais viendra ensuite la partie espaces verts, parcs et équipements (déjà lancée) qui va finaliser la métamorphose.

 

Pour les Transports en Commun, et infrastructures, nous vous invitons a relire notre article dédié aux transports. En quelques mots, la phase 3 du tram est terminée, les extensions des lignes existantes A,B,C sont en service déjà depuis plusieurs années pour certaine, ainsi que la tant attendue ligne D. Reste le chantier bien engagé de la section Aéroport de la ligne A (hélas en voie unique) prévue pour ouvrir en 2022, la pose des rails début en ce moment même. Quant au BHNS (bus en site propre) tant décrié pour compenser l’absence de ligne E du tram de Bordeaux Gambetta vers Caudéran et st Aubin de Médoc, malgré de multiples recours, les travaux sont lancés, ce qui en ville va enfin permettre de rénover les Cours de la Marne et Aristide Briand. Faire passer la ligne ensuite par la rue Bonnac puis la rue Judaique/ de la République aurait été plus pertinent, l’espace étant plus large et presque rectiligne.

Nous noterons un fiasco du SDODM (plan des transports prévu pour 2030), qui a été simplement enterré (en partie) après les élections de 2020. Donc une partie du Campus et certaines branches pour le moment sont repoussées ou annulées (Cracovie rue Lucien Faure, Brazza, Cenon) et Talence Gradignan pour les lignes majeures. Elles semblent prévues mais vu le manque de moyens, la fantaisie des projets (téléphérique sur le fleuve), la saturation des transports semble hélas avoir de beaux jours devant elle. Sans parler de l’absence de moyens et de volonté des élus pour déployer le métro.

Côté bus, et piste cyclables, de nombreux couloirs ont été réalisés, y compris sur les Boulevards, mais les idées de lignes circulaires rive/gauche rive droite, ne sont qu’à l’état de projets, hélas, alors qu’au départ par exemple dans l’axe du pont Chaban Delmas un tram ou bus direct était prévu, les logements sont construits avant la ligne de transports…

Coté route, nous attendons que les boulevards soient enfin réalisés au droit du pont Chaban Delmas entre Brazza et l’avenue Thiers, ainsi que les voies sous les trémies TGV comme la rue Emile Combes de Floirac prolongée vers la Benauge à Bordeaux. Les Boulevards restent une inconnue quant à leur devenir. Nous attendons aussi le redressement de l’avenue de Larroque, l’intégration urbaine du Boulevard Aliénor comme cela a été fait avec succès rue Lucien Faure (et la suppression espérée de l’autopont place de Latule)… Mais la saturation reste actuelle car aucun élu ne favorise les nouvelles voiries, mêmes légères et arborées, de délestage pourtant nécessaires. Quai Deschamps ci-dessous, la piste vélos en création mais sans couloir de bus séparé des voitures?

La rocade a pardoxalement enfin avancé, les travaux des sorties 9 à 7 sont finis en voie centrale, sont en cours voies latérales, le chantier désormais attaque le dernier maillon (sorties 7 à 5), vu qu’heureusement la sortie 5/4 est déjà finie. Rive droite restera à revoir la sortie 26, sous-dimensionnée, et rive gauche les sorties 19 (vers Toulouse), 10 également. Plus haut après tant de recours, les travaux de la déviation du Taillan Médoc avancent pour une ouverture (espérons-le sans bocage) en 2022. Bien entendu, le Grand Contournement n’est plus d’actualité.  Au Sud, l’A65 vers Pau est en service, et l’A63 est passée en 3 voies dans les Landes, en attendant que le chantier se fasse enfin en Gironde.

Coté Ponts, on a eu un bel effet d’entrainement: après le pont TGV Garonne en 2008/2010, le pont Chaban Delmas (Bacalan Bastide) a ouvert et est une réussite depuis 2013. Il attire nombre de vélos, piétons, et permet d’améliorer la connexion des 2 rives, il a totalement redessiné la carte de la ville. Le pont de Pierre étant ancien et fragile va nécessiter de lourdes rénovations. Ce dernier est fermé depuis quelques années aux voitures de particuliers, mais le pont St Jean voisin a pris le relais pour boucler les Cours. Son design est daté, trop autoroutier, mais ses échangeurs et sa configuration va être rendue plus accessible d’ici 5 ans, mis en scène notamment par le quartier Belvédère. La Passerelle Eiffel devrait rertouver sa connexion (démolie comme prévu au départ pour tout le pont), avec la rive gauche.

La grande ombre au tableau a été les multiples retards du pont Simone Veil entre Bordeaux/Bègles et Floirac. Bien que le projet choisi (à notre regret) n’ait pas un design fort, avec des haubans par exemple ou une arche comme vu lors du concours, réaliser un pont très large (45m dont 18m dédiés aux vélos/piétons), s’est avéré être un fiasco en termes de gestion de chantier.

Le premier constructeur a abandonné le chantier en cours de route suite à un désaccord avec la métropole, chantier repris par Bouygues qui a redémarré les travaux des piles du pont (les fondations seront faites d’ici février 2022), pour ensuite poser la charpente (qui était déjà réalisée avant la rupture du contrat initial), avant une mise en service en 2024. A noter aussi que la trémie rive gauche est trop basse et occasionne nombre d’accidents, alors que l’on est près du MIN vers lequel circulent nombre de camions, là encore une décision anti-voitures aberrante. Malgré ce couac, les quais vont s’embellir, les accès au pont bien engagés seront paysagés, tout comme en rive droite. Depuis peu un autre pont en aval est évoqué, projet auquel nous croyons peu vu la permanente opposition à la moindre infrastructure, la largeur du fleuve et le coût astronomique d’un tel projet… Attendons donc de voir le pont Simone Veil en service car pour l’instant nous pouvons visualiser l’estacade sur le fleuve et aussi les voies d’accès qui ont avancé plus rapidement pour ne pas bloquer les quais.

 

Un autre secteur qui a beaucoup changé est celui de Bordeaux Nord et Lac et nous avons ici un secteur méconnaissable: le Grand Stade est en service mais hélas, entre la gestion pas optimale des concerts, la pandémie qui a coupé tout revenu et la situation inquiétante du club de foot des Girondins, le modèle économique reste fragile. Le stade sur le plan architectural, pour un coût moitié moindre que les autre stades de l’euro est très réussi en extérieur, un peu austère en intérieur, mais il fonctionne, la réalisation est fidèle aux rendus initiaux. Il a aussi face à lui le parc des Expositions en partie rénové (hall 2 refait à neuf pour créer une nouvelle entrée face au tram C prolongé en face). Mais la crise économique et sanitaire de la pandémie a gelé tous les congrès et événements.

Le quartier Ginko est presque fini, le dernier macro-lot Coeur Ginko alliant commerces et logements est livré, un peu dense mais bien réalisé. La maquette initiale est devenue réalité. A côté, l’ancien site IBM rasé va devenir lui aussi un secteur de logements. La rénovation désormais s’étend vers les allées de Boutaut et Auchan Lac qui a un immense potentiel foncier à remanier. Les places Ravezies et de Latule n’ont toujours pas hélas été revues. Le quartier Grand Parc a connu une rénovation de ses espaces publics, nombre d’ilots ont muté le long du tram C notamment, hélas souvent peu qualititatifs hormis les barres G,H,I habilement rénovées par Lacaton et Vassal architectes. Le gros souci reste le secteur des Aubiers, du Lauzun et de Cracovie (malgré la démolition de l’autopont du même nom). Espérons aussi une rénovation des boulevards nord, pas à la hauteur d’une ville comme Bordeaux et symboles de l’étalement urbain des années 1960/90.

Au lieu de démolir les barres comme à la Benauge (barre D rasée) qui sont obsolètes, oppressantes avec un agencement urbain qui favorise les traffics et l’insécurité (qui hélas se dégrade très rapidement), il y a des mini projets successifs sans ambition, de mini démolitions au lieu de totalement supprimer la dalle et les coursives restantes par exemple, pour réellement ouvrir la cité sur la ville. Il est regrettable que l’ANRU n’ait pas aidé ce quartier dans les années 2000, qui depuis sombre dans les difficultés.

Plus loin heureusement, malgré un design architectural parfois discutable, les Bassins à Flots ont radicalement changé, et la phase portuaire du projet a gagné en qualité, notamment le Quai des Caps (dont le cinéma ouvre ces jours-ci), ou encore les hôtels sur le port de plaisance enfin rénové. La Cité du Vin a été une réussite en termes de visiteurs, la scénographie parfois trop digital a été améliorée. Par effet d’entrainement, le Musée de la Mer et la rénovation de la Base Sous Marine ont donné vie au quartier. Il faut aussi noter que le pole nuit de la ville s’y est ancré, la pièce maitresse qui a accéléré le projet (lent à démarrer et modifié nombre de fois) est bien entendu la mise en service du pont levant. Ci-dessous, le plan guide, le quartier il y a 10 ans et en 2020, métamorphosé!

Sur la Rive Droite en 2011, le quartier coeur de Bastide était quasiment achevé, avec ses larges avenues et ses perspectives aérées. Les ZAC Bastide Niel et Brazza ont pris beaucoup de retard pour diverses raisons: absence de maitrise foncière, pollution des sols. Bastide Niel le quartier voisin a vu l’agrandissement du projet Darwin sur la Caserne Niel, hélas qui a tourné à la guerre des tranchées avec BMA l’opéarteur de la ZAC. Du coup l’allée centrale de la caserne n’a pu être refaite (les réseaux d’eau notamment). L’ilot Queyries et les archives sont livrés, assez étonnants sur la forme mais globalement réussis. Nombre de chantiers proche de l’Avenue Thiers, des quais et de la jonction avec Bastide 1 rue Abadie sont enfin lancés ou achevés. Les espaces publics seront moins minéraux, sous l’impulsion de la nouvelle mairie, ce qui donnera un certain côté village vert au quartier, appréciable. Nous attendons cependant que la connexion des voies entre les quais et l’Avenue Thiers avance (réouverture de la rue Niel par exemple?) car la parcelle centrale reste encalvée entre les rails abandonnés.

Pour Brazza, hélas le plan évoqué par KCAP avec une immense piscine à vagues en bord de fleuve, et une façade assez moderne et haute en retrait des berges a été réduit à un quartier assez dense et austère. Nous regrettons surtout, contrairement à Coeur de Bastide où les grandes voies (Allées de Serr par exemple) ont été réalisées en amont, que sur Brazza les axes majeurs ne sont toujours pas réalisés. Et la tendance actuelle à bloquer la voiture (sans être capables de fournir des transports en commun efficaces), risque de pénaliser le quartier de manière pérenne. Alors qu’un tram était même évoqué en droite ligne du pont Chaban Delmas, l’erreur a été de créer un carrefour routier en T temporaire qui bloque la traversée du quartier et créer des bouchons sur les quais des Queyries et de Brazza. Mais certains ilots  sont cependant intéressants (Innlove par exemple, et la rénovation de la halle Soferti aussi). Le gros des chantiers face aux quais est lancé, le quartier sera assez vert mais un parc supplémentaire pourrait s’y insérer sur les derniers fonciers pas encore lancés.

Nous avons ensuite l’Avenue Thiers dont la transformation a été assez disparate, sans coordination globale, y compris sur Cenon où de belles demeures ont été rasées sans considération pour y créer des bâtiments sans intérêt. Vient plus loin la cité de la Benauge en grande difficulté a vu un début de renouveau avec la démolition de la barre D, puis du collège à venir, l’ilot central sera un axe de transports traversant vers Floirac, qui manque tant au quartier. Par ailleurs un plan de transformation des divers boulevards autoroutiers ici aussi devraient améliorer le cadre de vie.

Sur les coteaux, les parcs ont été mis en réseau, nombre de cités délabrées ont été démolies pour résidentialiser le secteur, cela inclut aussi des équipements culturels comme le Rocher de Palmer (depuis 2010) dans le parc du chateau du même nom, la rénovation se poursuit sur Cenon et Floirac. A Lormont la salle Brassens Camus intégrée à un parc a remplacé des tours démolies depuis. A noter en plaine que le quartier Garonne Eiffel est un formidable coordinateur et accélérateur des projets. La salle de conerts Arena (en attendant le pont Simone Veil) aussi a redonnée de la visibilité au secteur fluvial de Floirac.

Pour finir, notre rubrique Grands équipements: bordeaux accusait un retard sur les grands équipements, notamment sportifs et culturels, heureusement nous avons rattrapé en grande partie le retard, mais hélas les nouveaux élus se montrent réticents aux projets monumentaux, dont certains (aquarium numérique sur le quai Deschamps), auraient été intéressants. Nous avons précédemment cité la plupart des réalisations: Grand Stade ouvert en 2015, Cité du Vin en 2016, Meca et Arena en 2018, Musée de la mer (en partie achevé) vers 2018, Cité Municipale en 2014, pont Chaban Delmas en 2013.

Le projet initial de la salle Arena a été complètement revue sous forme de Zénith, la Base Sous-Marine a vu son intérieur rénové en espace de scénographie lumineuse en 2020. Nombre d’hôtels et de restaurants étoilés ont aussi ouvert que ce soit aux Bassins à Flots, en ville (Grand Hôtel, tour du gaz devenue le Mama Shelter), ou encore l’ancienne faculté de zoologie au sud.

Les Cascades de Garonne sur Lormont ou le zoo de Pessac semblent pour l’un en retard et revu à la baisse, pour l’autre abandonné suite à un changement de maire de Pessac. Ajoutons à cela l’agrandissement/rénovation de l’aéroport hélas en partie suspendue en raison de l’effondrement du traffic aérien lié à la pandémie de Covid-19 et à l’inepte décision de supprimer la navette Bordeaux Orly indispensable à nombre d’entreprises aéronautiques du secteur déjà en difficulté. Une cité de l’air et de l’espace (projet Tarmaq) devrait se consrtuire pas loin de la base aérienne 106 de Mérignac Beutre.

Dans les grandes lignes, donc malgré quelques changements, évolutions et retards, la plupart des grands (et petits) projets et quartiers sont bien sorti de terre, globalement réussis. Les ponts Chaban Delmas restent les 2 connexions nord-sud majeures et symboliques de la ceinture des boulevards vers la rive droite, et leurs retards et la difficulité à les réaliser montre à quel point un ouvrage majeur doit être anticipé et son chantier mené à bien. Ce qui n’a pas suffisamment suivi restent les transports en commun, les ponts et la voirie, espérons une prise de conscience des élus ou un renouveau plus favorable, qui permettra à Bordeaux de boucler son grand projet urbain lancé en 2000!

 

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