Euratlantique lancé à pleine vitesse

Bonjour.

Passé les confinements et le contrecoup des élections, qui a vu l’un des opposants au projet devenir maire, l’année 2020 se poursuit pour Euratlantique. Ce blog fêtera ses 10 ans en 2021, et le premier article en 2011 mentionnait justement l’immense projet à venir, voici donc une rétrospective!

Vue aérienne mi 2020 de Belcier  de l‘atelier Philippe Caumes.

Presque 10 après, quelles avancées spectaculaires, avec recul, le projet a pris une ampleur bien au-delà des espérances, la gare de Bordeaux Saint Jean a vu sa magnifique verrière rénovée, le parvis historique et un second parvis en arrière-gare avec un bâtiment neuf qui est sorti de terre en arrière gare.

L’ilot test Armagnac avec ses terrasses emblématiques est fini depuis plusieurs années, hormis quelques bâtiments décevants (les Souffleurs ou les Traversants) dans leurs finitions et choix de design. L’ilot Saint Jean lui aussi a été reconstruit, même si hélas face à la gare, une ancienne barre d’immeuble disgracieuse reste visible côté historique.

Le succès de la Ligne TGV à grande vitesse en 2H vers Paris a été un spectaculaire accélérateur de transformation urbaine, même si hélas le fait de trop repousser la branche sud du GPSO vers Toulouse et l’Espagne menace dramatiquement l’espoir de voir un jour le chantier commencer au sud de Bordeaux. A noter au nord  coté Cenon que les 4 voies et le pont Garonne ont permis de bien améliorer la circulation des trains et TER également. Ci-dessous les voies avec l’emprise de la future trémie pré-installée.

Toujours rive droite à cheval sur Bordeaux et Floirac, le projet Garonne Eiffel a été annoncé en février 2012, depuis il est devenu l’un des chantiers majeurs Bordeaux et Floirac avec près d’une vingtaine de grues au pied du pont Saint Jean, notamment sur la partie Belvédère face au fleuve.

Nous y consacrerons plus de détails lors d’un prochain reportage, il y aura ausssi la caserne des pompiers, des logements, une école, la trémie routière sous les voies TGV, secteur de la friche Cacolac qui est en chantier (le pont rail avait été heureusement anticipé lors de doublement des voies ferrées). Elle reliera la Benauge à Floirac (via la rue Emile Combes prolongée). Bonne nouvelle aussi, l’ANRU  di secteur Joliot Curie est devenue réalité, la fameuse barre D dont la démolition a tant été repoussée a totalement été grignotée en novembre! Cela ouvre totalement le quartier pour que la rue du Recteur Thamin devienne un axe de transports et de circulation traversant le quartier.

Tout comme pour la Méca (Musée régional d’art Contemporain) qui a ouvert en 2019, la révision du plan anti-inondations a failli mettre péril le projet du Belvédère. Il a du coup été revu pour éviter les risques, ce qui l’a considérablement retardé, mais fort heureusement les chantiers étaient déjà en cours lors de la crise sanitaire et du changement de mairie, sans quoi il aurait surement été abandonné. Le futur parc Eiffel sera immense le long des voies ferrée et permettra d’absorber les crues.

Sur Belcier, la plupart des rendus évoqués en 2013 ensuite sont sortis de terre pour la phase 1, le secteur Brienne (maquette ci-dessous) a été revu en ambition et sera lancé sous peu. Avec ses immeubles hauts et emblématiques il va donner une vue spectaculaire sur le débouché du pont Simone Veil. Sur la liste des chantiers évoqués en 2014, seul le parking secteur Jean Jacques Bosc a été abandonné. Plusieurs immeubles sont une réusssite, malgré quelques gros ratés hélas, comme l’ilot Vinci face à la Méca: il gâche la perspective, est massif et totalement hors contexte, à tel point que l’ex-directeur de l’EPA dit regretter d’avoir laissé faire. Plus que le contenu mixte (crèche, bureaux, réssidence étudiante), sa forme urbaine a été bâclée.

Le Quai 8.2 est lui aussi assez massif, avec des façades de métal sombres métalliques qui font datées, mais son taux d’occupation reste bon et ses finitions correctes. A noter que ces 2 projets issus de la première équipe ont servi de leçon, depuis une charte architecturale exige du minéral, des couleurs claires et de grandes ouvertures, l’immeuble Tribequa en chantier ou encore l’ilot des achitectes Cosa sur les quais sont des aperçus de cette évolution bienvenue.

Les chantiers ont connu sur le quai de Paludate une accélération en 2015, lors du démarrage des travaux de la LGV quelques années avant assurant une attractivité supplémentaire pour le projet. La Halle Boca (halle des anciens abattoirs, ci-dessous, photo avant/après) est devenue un lieu de restaurants et d’animation, la rue Guyart reste pour l’instant assez sinistre, mais les premières démolitions ne vont pas tarder.

A titre de comparaison, le projet des Bassins-à-Flots qui ont été lancés plus ou moins en même temps sont quasiment achevés, le quartier a plutôt bien fonctionné sur la plaque portuaire, mais est assez critiqué dans la forte densité et le design de ses premiers ilots, c’est un PAE (Plan d’Aménagement d’Ensemble) qui laisse une grande liberté aux promoteurs qui possèdent les terrains.

Euratlantique est une OIN (Opération d’Intérêt National) composée de plusieurs ZAC (Zones d’Aménagement Concertées), concrêtement la préfecture pour l’Etat gère les permis de construire voire la préemption (exporpriation) si besoin. Cela a permis de réduire la spéculation, de renforcer la place des espaces publiques, et aussi d’anticiper les travaux sur les terrains ferroviaires secteur Amédée par exemple ou sur Armagnac. Enfin cela a évité la table rase du passé en cas d’alternance éléctorale, d’ailleurs la nouvelle mairie a finalement eu de bonnes relations avec l’équipe de l’EPA après s’être réellement intéressée et documentée sur le contenu réel du projet: un projet vert, pertinent et évolutif sur les futures tendances urbaines et constructives à venir. Ci-dessous les immeubles prévus derrière l’église Belcier.

Surtout cela autorise des audaces expérimentales comme les tours en bois, à l’époque une première. L’immeuble de bureaux du groupe Pichet en ossature bois a ensuite vu naitre la tour Hypérion qui est en partie en bois, en attendant Silva dont le chantier va débuter en 2021. Hypérion est en finitions, la vitesse de construction, surtout la simplicité d’assemblage lors du confinement prouve que la stratégie bois est pertinente. La majorité des nouveaux chantiers incoporera du bois, ce qui aussi lors du confinement a permis l’avancée de chantiers à faibles nuisances, comme l’a montré celui de la tour Hypérion.

Pour les équipements, la Méca, puis la salle Arena sur Floirac ouverte en 2018, en attendant la piscine des quais souvent retardée ont donné de la vie au projet. A noter qu’une fois l’ilot de l’Attique de Brienne construit sur le centre de tri relocalisé et un parking silo, le chantier de la piscine va pouvoir débuter. En 2017, le design du quartier Amédée Saint Germain a lui aussi été totalement revu, plus ouvert avec des immeubles en pierre, des mini parcs, et le pont de la Palombe. Ce pont est déjà posé au-dessus des voies ferréess, l’accès coté Armagnac est finalisé, coté Amédée donc en décembre 2020 arrive le tablier suspendu pour connecter la rue Amédée au pont.

Sur les quais avec la crise sanitaire, les boites de nuit, la Plage notamment qui est l’une des plus grandes d’Europe en centre urbain ont terriblement souffert. Cela va-t-il remettre en cause le développement proposé qui devait l’intégrer rues Guyart/Cabanac (rendu ci-dessous)? Idem pour la halle Gattebourse, le projet annoncé ambitieux et prometteur semble avoir du mal à boucler son financement. Rive droite, l’aquarium digital (sur le modèle du National Geographic de New York) semble en pause, la nouvelle mairie n’étant pas très porteuse d’attracteurs urbains, espérons que la raison reviendra. Au Nord les Bassins des Lumières dans l’ex Base sous marine est un plebiscite.

Secteur Armagnac le quartier Tribequa pour la partie neuve a bien avancé, en espérant une rénovation rapide du Centre de Tri Postal qui sera en partie démoli. Un chantier discret et efficace a aussi été celui de la tour In-Nova, peu contestée, elle est sortie de terre depuis 2017, alors que la tour Saint Jean est toujours l’objet d’une bataille judiciaire avec les riverains. Pas loin l’ilot Santé Navale est terminé, même si à regret certains immeubles masquent le fond de la cour de l’ancienne école militaire, le passage piétons créé dans l’axe de la place André Meunier (enfin rénovée), et la rénovation de l’institut de zoologie en hôtel sont réussis.

Parmi les projets évoqués ensuite en 2018, la plupart en chantier à l’époque sont livrés: la Cité Numérique de Bègles qui tourne à plein régime, les autres parkings (Ars, Paludate ou Belcier P3/P4). La rue du commerce a changé de visage, la rue voisine Bobillot avec le projet Upsilon prend le relais, en attendant la requalication des ilots Guyart/Cabanac et rue de Son Tay près du pont en U. L’ilot Armagnac sud voit le début des travaux du projet Woodstone débuter son aménagement. Enfin Belvédère évoqué plus haut est un immense chantier.

En mai 2019 nous avions dressé un premier bilan plus détaillé si besoin des projets achevés sur les zones de Belcier et de Garonne Eiffel. Pour les situer: une grande partie du Quai de Paludate,  mais aussi la rue Carle Vernet, la voie nouvelle rue des Gamins (ancien nom des apprentis cheminots) qui double la rue d’Armagnac sont livrés. Les travaux battent leur plein sur Amédée Saint Germain en phase nord, la phase sud viendra ensuite malgré les craintes des riverains. Le pont de la Palombe reliera les quartiers Amédée Saint Germain à Armagnac, ci-dessous depuis le tablier central déjà installé.

A noter que le Jardin de l’Ars voit enfin son aménagement débuter, il a été revu pour être plus vert, plus accessible, ce qui a retardé les travaux d’une durée de 2 ans. Pour les quais, les voies sur Berges vont commencer à évoluer en 2021 également, les projets étant livrés entre le pont ferroviaire et le secteur du futur pont Veil. Enfin sur Belcier, divers ilots démarrent comme les Lisières de Garonne derrière le siège de Millésima totalement rénové et repensé avec succès. Dommage que l’ilot Vinci n’ait pas gardé les arches et façades anciennes comme ici, copier ce modèle partout: façade ancienne et sur-élévation moderne en arrière plan aurait à la fois conservé des repères historiques associés à de la modernité.

Rive gauche la grosse question à venir sera la rue Bordelaise, projet que nous soutenons à 100%. En effet l’idée étant de transformer un secteur de parking et une supérette en rue piétonne qui part de la gare aux quais. La nouvelle mairie semblerait pour la forme urbaine mais contre le contenu (centre commercial notamment avec Ikea City), porté par le promoteur Apsys. 500M€ ont été investis, un contrat signé, espérons que le projet ne rétropédale pas. Actuellement la tête du pont Saint Jean est un échangeur autoroutier, les hangars délabrés seraient démolis, mais les belles façades réutilisées ou conservées, sachant qu’une partie des anciens immeubles a brulé dans un incendie, il y aura peu de démolitions pour le tracé de la rue elle-même… Mais hélas le projet s’il se fait va être retardé d’ici 2026 alors qu’on avait en vue un beau chantier. A noter que fort heureusement un contrat est signé, des investissements et achats déjà réalisés, ce qui devrait assurer le maintien du projet, du moins dans sa forme urbaine.

Au final, juste avant son départ, l’ex-directeur d’Euratlantique dont nous remercions et saluons le travail admirable, a annoncé que le quartier était finalisé à 90%. Ce qui signifie sur Bordeaux que l’ensemble des ilots à venir comme l’ilot Brienne très prometteur face aux quais, et espérons-le l’ilot Guyart, seront bien réalisés d’ici 5 ans. Secteur Ars aussi un collège sera construit face à l’école ainsi qu’un ilot test intéressant d’immeuble sans affectation définitive par Canal Architecture et le groupe Elithis.

Nous notons toutefois quelques gros points noirs: le chantier de Lumi (à droite près de quais sur la photo ci-dessous), un immense ilot pour Clairsienne mixant logements et bureaux qui est à l’arrêt, les marchés sont en cours pour reprendre le chantier suite au départ du promoteur Fayat du projet, ce qui laisse face aux quais un squelette inachevé d’immeuble.

Et surtout les multiples retards du pont Simone Veil, du même constructeur (Fayat), qui suite à un conflit de chantier, alors qu’il devait ouvrir en 2018, n’a pas débuté. Ce dossier est dramatique, il a impacté nombre d’habitants et d’entreprises, la clinique de Floirac ou encore la salle Arena. Mais nous reprenons espoir, la métropole rive gauche accélère le comblement de l’ancienne trémie (la nouvelle d’ailleurs trop basse génère beaucoup d’accidents, elle est en service partiel). L’aménagement des berges et talus du pont sont bien engagés, en rive droite beaucoup moins par contre (hélas le site devient un campement sauvage de caravanes).

L’estacade du pont provisoire pour le chantier est visible dans le fleuve (manque les sections perpendiculaires pour réaliser les piles du pont). Mais croisons les doigts, Il semble que le marché a été repris par Bouygues TP qui va revoir la technique de construction des piles, il reprennent les travaux en fleuve à partir de janvier 2021! Après 3 mois de préparation, et 24 mois de chantier, on peut espérer traverser le pont en 2024…

Nous profitons de cet article pour remercier Stephan de Fay directeur de 2014 à 2020, promu pour le Grand Paris. Si l’équipe initiale a posé des bases solides, avec le préprojet lancé par André Delpont en coulisses, puis la création de l’OIN, des ZAC sous Philippe Courtois, Stéphan de Fay a été un formidable accélérateur. Sa gestion saluée par la Cour de Comptes et il a été toujours accessibles, notamment en nous recevant pour voir les maquettes du concours pour la tour en bois (finalement qui a donné 2 lauréats: Hypérion et Silva). Une interview dans le journal la Tribune permet de voir son bilan spectaculaire, les points qu’il aurait aimé améliorer et l’avenir du projet. La phase suivante du projet, après la fin des chantiers des bâtiments va aussi plus concerner les espaces verts et les parcs. Cela tombe bien pour la nouvelle mairie qui veut promouvoir le cadre de vie, restera à trancher avec succès espérons-le la question de la rue Bordelaise.

Quoiqu’il advienne, le projet Euratlantique a été spectaculaire, et malgré le changement de contexte économique, il a permis à de nombreux habitants, et emplois de revenir sur des zones abandonnées et des friches ferroviaires, ce qui en soi est une réussite!

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Bordeaux la fin de l’âge d’or ou une pause nécessaire?

Bonjour,

Cette année 2020 restera décidément hors normes à tous les points de vue, qui aurait imaginé que toute l’économie soit bloquée pendant plusieurs mois de confinement, que l’historique opposant Pierre Hurmic allait être élu maire de Bordeaux fin juin avec à 46,48% contre Nicolas Florian 44,12% le maire sortant successeur d’Alain Juppé. A y regarder de plus près, le nouveau maire été élu avec 17,51% des inscrits aux municipales 2020. L’abstention a été trop importante: 61,67% des électeurs n’ont pas voté. Nous n’allons pas revenir sur les explications de mars dernier sur le déclage trop long entre les 2 tours, ou les électeurs n’ayant pu voter, le résultat est là et il existe d’autres causes multiples, notamment un dernier mandat décevant de la précédente majorité alors qu’elle avait toutes les cartes en main (ville et métropole).

Le changement majeur est surtout au niveau de Bordeaux Métropole présidée par Alain Anziani (maire PS de Mérignac réélu) qui sous la pression du nouveau maire de Bordeaux malgré ses discours contradictoires a supprimé brutalement  le consensus de la cogestion qui prévalait depuis plus de 50 ans. Avec recul notre post de mars 2019 sur la fin de l’ère Juppé des grands projets urbains était prémonitoire mais nous n’imaginions pas un tel coup d’arrêt en partie à cause d’une pandémie.

Surtout étant passionnés d’architecture, d’urbanisme et de grands porjets urbains, la rentrée est bien morne si l’on se remémore par exemple en 2017 la dernière exposition Agora sur l’architecture. Heureusement la majorité des grands (et petits) projets immobiliers et architecturaux présentés ont été réalisés ou lancés avant cette rupture brutale, comme Bordeaux-Belvédère ci-dessous.

Que penser de l’avenir de la ville et de sa métropole? Voyons cela dans la mesure du possible sous le prisme de l’urbanisme, voire du paysagisme qui va prendre une place importante nous l’espérons dans les aménagements. Pour le moment, lors du confinement les Coronapistes cyclables ont considérablement accéléré le développement du vélo en ville. Ce qui va permettre d’accélérer la sécurisation des itinéraires cyclables discontinus, avec un déploiement rapide de marquages au sol pour tester avant des investissements plus lourds, sur les boulevards notamment.

Côté mobilité, les 4 lignes de tram ont vu leur fréquence renforcée, les bus aussi et ils sont plus souvent nettoyés pour protéger les passagers du Covid-19, ce qui génère des surcoûts importants mais cela semble fonctionner plus ou moins bien. Le service d’autopartage Bluecub a été un échec commercial, des places seront redistribuées au concurrent de l’autopartage Citiz, réduisant ainsi l’offre de mobilité alternative. La métropole joue son va tout sur le RER métropolitain déployé d’ici fin 2020 sur la ligne Libourne-Campus. Mais est-ce le meilleur calcul d’attirer de l’extérieur avant de traiter en priorité la ligne de ceinture (à boucler en rive droite), ligne de pont à pont qui aiderait beaucoup à éviter le centre pour traverser la ville?

L’autre grand volet qui va changer est l’urbanisme, par chance nombre de projets sont quasiment finis, le Quai des Caps aux Bassins à Flots et l’ilot Lesieur bouclent 10 ans de chantier, il aurait été souhaitable pour le coup que les espaces publics soient plus larges, verts et mieux travaillés. C’est déjà le cas sur la plaque portuaire, où juste derrière le nouveau Hangar G1 se trouvent des Jardins agréables, les quais aussi sont en réaménagement piéton et cela est assez réussi. Mais rue de Gironde, de New York et des Etrangers, certains ilots sont trop denses, à tel point que la lumière du jour peine à y entrer. Côté rue Lucien Faure, hormis les matériaux et quelques finitions discutables, l’effet de skyline a été réussi.

Plus loin le programme Coeur Ginko est quasiment livré, offrant ainsi de nouveaux commerces et logements bouclant donc cet écoquartier. Plus loin l’ancien site IBM rasé va devenir un programme de logements lui aussi. Le projet de la Jallère déjà mal engagé a été abandonné, bien qu’une recyclerie aurait pu s’y installer, ceci dit, étant fort ex-centré, ce n’était pas le plus urgent.

L’Hyper centre ville intra cours a été presque totalement revu, bien que des ilots peuvent parfois se libérer et se rénover (comme la Promenade Sainte Catherine en son temps). Il y a bien sur parfois trop de minéralité, ce que le nouveau maire veut corriger, mais n’oublions pas que souvent nous partions de zones en asphalte et de parkings devenus des places animées (Fernand Laffargue, place du Palais, Cours du Chapeau Rouge, et bientôt place Gambetta).

Notre grande inquiétude concerne la Rue Bordelaise, symbole de beau projet ambitieux que le nouveau maire veut freiner. Certes le volet commercial très important peut être revu, d’ailleurs le promoteur a déjà modifié les plans avec plus de verdure et moins de surface artificalisée. Mais espérons que l’un des projets les plus beaux et ambitieux ne soit pas sacrifié sur un autel idéologique et une vision de la ville repliée sur elle-même. En effet, ce programme s’inscrit sur un ancien parking et une supérette sur la majorité du terrain, ainsi que des sur le terrain de vieux hangars qui ont brûlé et étaient squattés. Or étant dans une zone en deshérance (avec de gros soucis d’insécurité s’aggravant), il y a ici une opportunité de créer des logements, bureaux et commerces en centre ville, devant le tram C et la gare. Cela permettrait aussi de relier les quais au quartier. Nous parlons ici surtout de la forme urbaine, du nouvel axe piéton et de l’aménagement paysager des quais, quitte à réduire la voilure commerciale ensuite.

Ce qui peut rassurer est que l’OIN de l’EPA Bordeaux Euratlantique qui fête ses 10 ans est gérée par l’état, a une certaine indépendance qui ne devrait pas pénaliser ses projets. Surtout qu’une charte de la construction durable, basée sur la qualité du bâti, la taille des logements et la présence d’espaces verts est un modèle de développement durable, ils serait paradoxal (purement idéologique aussi) de lui couper les ailes. Ceci dit dans le discours de rentrée du nouveau maire cela ne semble pas dans ses projets, mais clairement ses premiers mots pour Euratlantique sont très inquiétants. Pourtant  nous notons certains signes rassurants et une inflexion: de moratoire sur les projets immobiliers et ZAC, il est passé à une réécriture plus adaptée à l’environnement, nous disons pourquoi pas? Nous reviendrons plus tard sur l’avancée lente de certains chantiers, mais ce sont de très gros projets, ce qui explique aussi les délais (et le confinement a posé beaucoup de soucis logistiques et de défaillances d’entreprises de la construction).

Nombre de projets sont bien avancés comme Bastide Niel par exemple qui est un coup parti, une partie des chantiers a été réalisée, près du Quai des Queyries (ilot Queries, l’Annexe, Green Valley en cours, ou des allées Serr comme l’Eklo Hotel. Cependant certains secteurs non finalisés projettaient d’immenses immeubles tels des remparts, or la nouvelle majorité avec l’appui de Bernard-Louis Blanc ancien PDG d’Aquitanis (l’un des bailleurs sociaux majeurs de la ville qui est un expert du sujet) ont retravaillé le plan guide avec les promoteurs et l’architecte en chef de la ZAC Winy Maas (MVRDV). D’ici octobre ils espèrent proposer un plan plus adapté et actualisé. L’idée de placettes était bonne, mais il faudrait plus d’espaces verts de grande taille ainsi que des rues traversantes pour améliorer les transports. Attendons de voir, mais si cela évite les ruelles étroites et sombres comme à l’arrière des Bassins à Flot, pourquoi pas.

Coté quai de Brazza, juste à côté,  certains programmes face aux fleuve sont en finition, hélas pas exceptionnels en design architectural et en ambition, mais un front bâti reste mieux que des friches polluées, là encore une partie de la ZAC va évoluer, avec plus de parcs potentiellement, bien qu’une partie des lots sont déjà lancés. L’intégration d’un grand parc pourrait être envisagée selon les possibilités foncières et juridiques, car en pratique la marge de manoeuvre est limitée. Il y a si cela tient toujours un projet de centre multi-sports intéressant porté par l’UCPA qui devrait voir le jour d’ici 2 ans.

A la Cité de la Benauge il y a un gros projet d’ANRU en cours, la barre D de la cité de la Benauge (vue de la webcam) l’une des cités difficiles est en cours de désamiantage, la démolition devant se faire d’ici 2021, un retard du à l’arrêt des chantiers en mars dernier. A terme un transport longera son emprise pour rejoindre le Boulevard Joliot Curie remanié.

Pas loin la future place du Belvédère bat son plein fort heureusement, ce chantier déjà en phase de gros oeuvre permettra de créer une place animée en tête de pont Saint Jean, tandis que le parc Eiffel sera réalisé de l’autre côté des voies TGV. Ce parc devrait se faire sans encombres, permettant de gérer les potentielles inondations. Cette vision ambitieuse et digne des intendants est l’une des grandes réussites des 30 dernières années.

Concernant le pont Simone Veil, le chantier semble avoir officiellement repris, mais en y regardant de plus près, la métropole ne parle que des travaux des accès sur les berges en rive gauche et rive droite, ce qui est un début, mais rien ne garantit pas de retard supplémentaire sur la partie fluviale du chantier. En effet, les marchés sont-ils passés? Difficile de trouver une réponse claire dans la conférence de presse de rentrée du nouveau président de la métropole, 2024 semble être l’horizon de fin des travaux. Dur aussi de croire qu’ils évoquent un autre pont urbain (ou tunnel?) plus au nord entre Bassens et Blanquefort, alors qu’entre les défenseurs de l’environnement s’opposent de plus en plus radicalement au moindre projet/chantier (cf. le Contournement du Taillan Médoc toujours pas livré). Sans parler des contraintes techniques, fleuve large (proximité des courants de l’embouchure avec la Dordogne voisine) , des sites Seveso multiples du port industriel de Bassens… Nous n’y croyons pas trop.

Une bonne nouvelle reste la rocade de Bordeaux, même si son chantier est interminable (car mené par l’Etat et non la métropole), la section intérieure des sorties 4 vers 5 est entièrement en service à 2×3 voies, l’extérieur sera inauguré fin octobre. Il faut dire que le pont franchissant la rocade a été renforcé, une passerelle cycliste a été construite pour faire le tour du lac en vélo aussi. Les travaux sont déjà en place entre les sorties 9 et 7). Puis d’ici 2022 si le calendrier est tenu ce sera fini pour les sorties 5 à 7. Il faudra dans tous les cas revoir certains échangeurs en rive droite entre l’A10 vers Paris et la rocade est, la sortie 26 vers la RN89 et Libourne aussi ou encore la sortie 18 vers l’62 sous-dimensionnés, mais cela interviendra plus tard. Par ailleurs certains couloirs de BAU (bande d’arrêt d’urgence) sont désormais utilisables en couloirs de bus en site propre (cela se fait couramment par exemple sur la M50 rocade de Dublin en Irlande).

Côté métropole, la FAB (opération des 50000 logements) a évolué, une partie a été faite, d’autres abandonnées, mais les zones industrielles comme Mérignac Soleil (espérons plus tard la zone Latule/Auchan Lac) muteront, avec une désartificialisation des sols sur des terrains d’anciennes friches commerciales. C’est ce genre de projets que nous soutenons, au lieu d’étalement urbain, un remembrement des et une optimisation des parcelles a plus d’efficacité.

En ce sens nous allons voir les premiers pas de la nouvelle mairie et métropole, espérons que le dogmatisme environnemental ne tue pas les projets nécessaires pour loger les habitants (la population de Gironde continue de croître). Fermer les vannes de la construction, bloquer les tours et les permis de construire (dans leur discours, le mot « moratoire » a été remplacé par réexamen, ce qui est déjà un premier progrès), empirerait au contraire l’étalement urbain en proche et lointaine banlieue.

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